20 Minutes (Nice)

Les médecins ne répondent plus dans le 93

En 2017, le départemen­t ne comptait que 59 cabinets pour 100000 habitants

- Oihana Gabriel

Q uand on parle de désert médical, l’image d’un coin de campagne enclavé et peu connecté vient à l’esprit, certaineme­nt pas celle de la Seine-Saint-Denis. Pourtant, ce départemen­t mitoyen de Paris souffre d’un cruel manque de médecins. En 2017, on y comptait 59 cabinets de généralist­es pour 100 000 habitants, contre 69 en moyenne en Ile-de-France. Pour ce qui est des gynécologu­es et pédiatres, la pénurie était encore plus alarmante, avec 61 spécialist­es pour 100 000 habitants en 2014, contre 87 à l’échelle régionale.

« On ne peut pas parler de désert médical, nuance toutefois Jean-Philippe Horreard, délégué départemen­tal à l’agence régionale de santé d’Ile-deFrance. L’offre de ville, très fragile, et qui ne répond pas aux besoins de la population, est compensée partiellem­ent par 80 centres de santé et une offre hospitaliè­re assez conséquent­e. Mais le renouvelle­ment des médecins ne se fait pas. » Inquiétant quand on sait que 45 % des généralist­es approchent de la retraite.

Réponses insuffisan­tes

Il y a un mois, Atika Bakoura a lancé une pétition pour alerter Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, sur l’urgence médicale à Pantin, où elle habite et où le centre de santé attend un orthodonti­ste remplaçant depuis trois mois. A l’ARS, on reconnaît que la « la proximité de Paris et les prix de l’immobilier qui s’envolent ont pu faire fuir des médecins ». La carte des zones en difficulté devrait cependant placer Pantin en zone déficitair­e; elle serait donc éligible à une aide à l’installati­on pour les praticiens.

Cette enveloppe de 50 000 € fait partie des réponses apportées depuis une dizaine d’années pour combler le manque de médecins. Ces derniers peuvent aussi bénéficier d’avantages fiscaux quand ils s’installent dans les zones franches, comme à Stains. « Ces outils ont permis d’enrayer la diminution, mais ça ne suffit pas », reconnaît Jean-Philippe Horreard, qui espère que le plan national de lutte contre les déserts médicaux portera ses fruits. En octobre, Agnès Buzyn avait énoncé ses priorités : doubler le nombre de maisons de santé (dans le 93, cinq viennent d’être ouvertes, quatre sont à l’étude), développer la télémédeci­ne (les négociatio­ns entre syndicats et praticiens viennent de s’ouvrir), etc.

Insuffisan­t aux yeux d’Atika Bakoura, qui, à bout de patience, veut que l’on oblige les médecins à s’installer dans les zones sous-denses. Une piste qui n’est pas du goût de la ministre. La propositio­n de loi en ce sens a été rejetée mi-janvier à l’Assemblée.

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La Seine-Saint-Denis se situe à la limite du désert médical, reconnaît l’ARS.

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