Muré dans le silence et provocateur, Salah Abdeslam encourt vingt ans de prison
Le refus de s’exprimer de Salah Abdeslam a écourté l’audience
Une tirade véhémente et puis, s’en va. Lundi matin, dès les premières minutes de son procès devant la 90e chambre du tribunal de première instance de Bruxelles (Belgique), Salah Abdeslam a exprimé son refus de répondre aux questions des trois magistrats. Seul survivant des commandos terroristes des attentats du 13-Novembre, le Français d’origine marocaine de 28 ans était jugé au côté de Sofien Ayari, un Tunisien de 24 ans, pour sa participation présumée à une fusillade survenue le 15 mars 2016 lors d’une perquisition à Forest, dans le sud-ouest de Bruxelles. Vêtu d’une veste grise, cheveux milongs ramassés en arrière et barbe fournie, le prévenu a souhaité conserver le silence qu’il a adopté depuis deux ans face aux enquêteurs et juges d’instruction belges et français.
« Ma confiance en Allah »
Lorsque la présidente Marie-France Keutgen lui a demandé pourquoi alors il avait accepté d’être présent à l’audience, le détenu le plus surveillé de France lui a d’abord rétorqué posément : « Y a un procès, je suis l’acteur de ce procès. On m’accuse, je suis ici. Mais mon silence ne fait pas de moi un criminel. Y a des preuves scientifiques et tangibles dans ce dossier, j’aimerais que l’on s’appuie sur cela. » Son débit s’est ensuite accéléré : « Je ne souhaite pas qu’on agisse avec ostentation pour faire plaisir aux médias et satisfaire l’opinion publique (…) Ce que je constate, c’est que les musulmans sont jugés et traités de la pire des manières, impitoyablement, y a pas de présomption d’innocence, y a rien ! » Et d’enchaîner, d’un ton dur : « Il n’y a point de divinité autre qu’Allah, et Mohamed est son prophète. Mon silence ne fait pas de moi un coupable ou un criminel. Jugez-moi! Faites ce que vous voulez. C’est en mon seigneur que je place ma confiance, je n’ai pas peur de vos alliés ou de vos associés. Je place ma confiance en Allah. » Fin de la diatribe.
L’instruction express s’est conclue par les réquisitions de la procureure fédérale, Kathleen Grosjean. Reprenant chaque terme de l’infraction reprochée à Salah Abdeslam et Sofien Ayari, la magistrate a tenté de démontrer le caractère intentionnel et « la participation active » des deux jeunes hommes à la fusillade. Et de requérir à leur encontre vingt ans de prison avec deux tiers de sûreté, soit la peine maximale encourue.
Initialement prévu sur quatre journées complètes, le procès ne durera que deux jours et devrait se terminer jeudi avec les ultimes plaidoiries des parties civiles et de la défense.