Le suspect vivait « dans deux mondes différents »
La psychiatre évoque le profil de Dino Scala, suspecté d’être un violeur en série
Un « père aimant et un mari présent », selon son avocat. « Un profil de « monsieur Tout-leMonde » pour le procureur de la République de Valenciennes. Pourtant, Dino Scala, un habitant de Pont-sur-Sambre (Nord), a été mis en examen, mercredi, après avoir reconnu une « quarantaine » de viols et d’agressions sexuelles en trente ans. Psychiatre et responsable d’une consultation pour les auteurs d’infractions sexuelles à Neuilly-surMarne (Seine-Saint-Denis), Gabrielle Arena livre des pistes pour comprendre pourquoi le suspect a pu sévr aussi longtemps.
Cet homme, qui travaillait avec des enfants, notamment, a réussi à cacher ses penchants très longtemps. Est-ce classique ?
C’est totalement classique. C’est ce que l’on appelle un « sujet divisé ». C’est comme si cet homme vivait dans deux mondes différents jusqu’à chaque passage à l’acte où l’un des deux mondes surgit dans l’autre, comme par effraction.
Il a justifié son comportement par des pulsions qu’il n’arrivait pas à contrôler, expliquant en être victime une à deux fois par an…
Cela me paraît très peu quand même. Si son comportement s’explique par un envahissement pulsionnel, pourquoi uniquement une à deux fois par an ? D’autant que ses passages à l’acte semblent réfléchis et pensés. C’est-àdire qu’il a pris le soin, pendant trente ans, de se dissimuler le visage et de préparer son acte. Cela va à l’encontre de la notion de pulsion.
Ce genre de profil prend-il du plaisir dans la préparation de l’acte autant que dans l’acte lui-même ?
Bien sûr. Le plaisir n’est pas uniquement sexuel pour les violeurs. Il y a le plaisir de toute-puissance qui se caractérise par le fait de ne pas être pris, de dominer les autres et de leur infliger une peur. Si le plaisir recherché n’était que sexuel, la société lui permettrait de l’assouvir sans transgresser les lois, ne serait-ce qu’à travers les relations tarifées. Là, il y a autre chose.
Selon son avocat, il s’est dit « soulagé » de parler…
Selon les profils et les circonstances, cela arrive. On peut imaginer qu’il lui était de plus en plus difficile de se cacher. Que cette double vie devenait trop compliquée à gérer. Et puis, il est âgé de 56 ans. Il s’est peut-être épuisé.