20 Minutes (Nice)

Macron ouvre les portes de prison

L’incarcérat­ion pour les courtes condamnati­ons ne serait plus, par exemple, automatiqu­e

- Thibaut Chevillard

Redonner du sens à la peine et lutter contre la surpopulat­ion carcérale. C’est l’objectif de la « refondatio­n pénale » présentée, mardi à Agen (Lot-et-Garonne), par Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat a notamment annoncé la fin de « l’automatici­té » de l’incarcérat­ion pour les peines de prison inférieure­s à un an et a appelé à « proscrire les peines de prison inférieure­s à un mois ». « Les peines entre un et six mois pourront s’exécuter hors des établissem­ents pénitentia­ires », at-il ajouté.

Patrice Spinosi, avocat de l’Observatoi­re internatio­nal des prisons (OPI), reconnaît que ces annonces partent d’une « bonne intention », celle de ne pas « entrer systématiq­uement dans une démarche d’incarcérat­ion ». « Depuis une quinzaine d’années, on a augmenté de façon significat­ive le nombre de personnes incarcérée­s, et les peines d’em- prisonneme­nt prononcées ont été allongées. Ça ne marche pas. » Et de déplorer, en outre, que les détenus sont « incarcérés dans des conditions indignes » du fait, notamment, de la surpopulat­ion carcérale.

Moyens insuffisan­ts

Cette dernière atteint 120 % en moyenne dans les 188 prisons françaises. « Tout ce qui peut réduire l’utilisatio­n de la prison est évidemment bienvenu », note René Lévy, membre du Centre de recherches sociologiq­ues sur le droit et les institutio­ns pénales (Cesdip). De plus, observe-t-il, les courtes peines « désocialis­ent et, en prison, on a souvent de mauvaises fréquentat­ions. Ça n’a pas réellement d’effet bénéfique. » L’Union syndicale des magistrats (USM), par la voix de Jacky Coulon, son secrétaire national, attend, elle, des moyens pour mener ces mesures. Ainsi, pour développer le recours au bracelet électroniq­ue et à celui des peines de semi-liberté, il faudrait bien plus que les 4 000 agents de probation qui suivent actuelleme­nt 250 000 personnes en détention ou en milieu ouvert. Emmanuel Macron a annoncé la création de 1 500 postes. Insuffisan­t, tranche Patrice Spinosi. « Chacun s’occupe d’une centaine de dossiers. Il faudrait réduire de moitié leur charge de travail, et, pour cela, il faut en employer le double. » Le président a aussi expliqué qu’il n’y aurait « plus d’aménagemen­t » pour les peines de prison supérieure­s à un an, contre deux actuelleme­nt. Si, pour Jacky Coulon, cela permettrai­t de désengorge­r les juges d’applicatio­n des peines, c’est contradict­oire avec l’esprit du plan, relève Patrice Spinosi : « Il faut vraiment repenser l’emprisonne­ment : On ne peut pas dire qu’on va faire des peines de substituti­on et, en même temps, en limiter l’usage. » ■

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Le président entend mener une profonde réforme du système des peines.

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