La justice se penche sur le calvaire de la jeune fille au pair
Le procès du couple de Français suspecté du meurtre de Sophie Lionnet s’ouvre à Londres
Jusqu’au dernier moment, la mère de Sophie Lionnet n’était pas certaine de pouvoir se rendre à Londres, ce lundi. Catherine Devallonné, vendeuse de profession, n’a pas les moyens de résider dans la très onéreuse capitale britannique le temps du procès du couple suspecté d’avoir tué sa fille. La semaine dernière, elle a enfin reçu un coup de fil du ministère des Affaires étrangères, lui annonçant que ses frais de déplacement seraient pris en charge et qu’elle serait assistée par le consulat général.
Cette femme, sous antidépresseurs depuis le drame, confie attendre « beaucoup » du procès. Comment sa fille, qui était si « agréable » et si « douce », a-t-elle été tuée ? Et pourquoi ? Le corps de Sophie Lionnet, qui aurait fêté ses 22 ans le 7 janvier, a été retrouvé calciné le 20 septembre dans le quartier cossu de Southfields, à l’ar- rière de la demeure de ses employeurs, un couple de Français chez qui elle était jeune fille au pair. Interpellés dans la foulée, Sabrina Kouider, 34 ans, et Ouissem Medouni, 40 ans, ont été inculpés pour le meurtre de la jeune Troyenne. S’ils ont nié l’avoir tuée, ils ont en revanche plaidé coupable d’entrave à la justice pour avoir tenté de faire disparaître son corps en le brûlant. « C’est totalement absurde ce qu’ils disent », soupire Catherine Devallonné, convaincue de leur culpabilité. Il faut, dit-elle, « qu’ils assument leurs erreurs ».
« Tensions, prises de tête »
Le procès devra notamment éclaircir les conditions dans lesquelles vivait Sophie Lionnet au sein de cette famille. Titulaire d’un CAP petite enfance, elle avait trouvé ce travail de jeune fille au pair grâce à une amie et comptait ainsi perfectionner son anglais. Depuis le début de l’année 2016, elle s’occupait des deux enfants du couple, âgés de 3 et 6 ans. Mais les relations avec ses employeurs s’étaient dégradées, au point qu’elle avait exprimé son envie de rentrer en France. Elle avait écrit à son père qu’elle ne supportait plus les « tensions, les prises de tête ». « Je me fais accuser de choses que je n’oserais jamais faire », ajoutait-elle.
En se rendant à Londres, Catherine Devallonné se rapprochera aussi de sa fille, dont le corps se trouve toujours de l’autre côté de la Manche. « Tant que le médecin légiste et le pathologiste n’auront pas témoigné, la défense peut toujours formuler des demandes de contre-expertise », explique son avocat, Frank Berton. Ce n’est qu’à ce momentlà que la famille de Sophie Lionnet pourra rapatrier sa dépouille, et commencer son travail de deuil. ■