20 Minutes (Nice)

A 40 ans, Harlequin en a fini avec les oies blanches

La directrice éditoriale d’Harlequin, Karine Lanini, explique le succès de la romance

- Propos recueillis par Benjamin Chapon

Harlequin France a 40 ans. Et la maison d’édition reste, en 2018, le leader du roman sentimenta­l avec plus de 70 % de part de marché et plus 700 titres publiés par an. Karine Lanini est directrice éditoriale d’Harlequin France. Elle nous explique en quoi la romance est plus que jamais au goût du jour.

Harlequin a-t-il beaucoup évolué ces dernières années ?

La vraie évolution est d’avoir attiré des auteures françaises. En 2013, on a lancé un appel à manuscrits. On ne passe jamais de commandes chez Harlequin, donc il s’agissait d’auteures déjà attirées par ce genre mais qui, peut-être, n’osaient pas se lancer.

Révélerez-vous les secrets de fabricatio­n d’un roman Harlequin ? La fameuse bible ultra-précise…

Désolée, mais c’est une légende urbaine. La fameuse bible Harlequin qui voudrait que l’héroïne embrasse son amoureux à la page 34 puis qu’ils couchent ensemble à la page 52 n’existe pas

La romance est tout de même un genre très codifié…

Pas plus que le roman d’aventures. Bien sûr, il y a un contrat de lecture. A la fin, l’amour triomphe et l’héroïne doit être heureuse.

Les avancées du féminisme ont-elles une influence sur les romans Harlequin ?

Ce sont des romans qui suivent l’évolution de la société, mais ne sont jamais à l’avant-garde. Ce n’est pas un genre militant, mais un genre miroir. C’est pour cela qu’ils vieillisse­nt assez mal. Les romances des années 1980 sembleraie­nt affreuseme­nt datées aux lectrices de 2018.

A cause de la misogynie ?

Oui. Nos héroïnes se sont émancipées aujourd’hui. Elles travaillen­t, elles n’attendent pas tout des hommes. Les oies blanches n’existent plus dans nos romans.

Y aura-t-il bientôt des romances post-#MeToo ?

Sans aucun doute. Et ça pourrait devenir un ressort narratif. J’imagine très bien une histoire où l’héroïne harcelée se libère de son bourreau.

Quel âge ont vos lectrices ?

La tranche d’âge la plus représenté­e est celle des 15-35 ans. On lit Harlequin quand on est jeune. Puis on y revient après 45 ans.

Vous parlez toujours de « lectrices » mais pas de « lecteurs »…

C’est un mystère pour moi. J’ignore pourquoi le genre de la romance n’attire pas les hommes.

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La maison d’édition Harlequin publie plus de 700 titres par an.

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