20 Minutes (Nice)

Les scores-fleuves des sixties reviennent à la mode

Jeu débridé, scénarios fous, festival offensif… Retour vers le futur en Ligue des champions

- Jean-Loup Delmas et William Pereira

En arrachant son billet pour les demifinale­s de Ligue des champions face au Barça, le 10 avril, l’AS Rome a acheté un stock illimité d’espoir. C’est avec la conviction que la Louve refera le coup que les Romains iront au stade, ce mercredi face à Liverpool. La mission est la même : marquer trois buts sans en prendre. Réaliser deux fois pareil exploit aurait paru impensable des années plus tôt. Mais le foot a évolué. Les scores-fleuves abondent, les scénarios hitchcocki­ens aussi. Reste à comprendre pourquoi les joutes européenne­s ont cessé de ressembler aux allers-retours peu prolifique­s de la fin du XXe siècle pour se maquiller en Real-Francfort de 1960 (7-3 pour les Merengue en finale).

➤ L’avènement du pressing haut. « Un jeu où on essaie toujours de faire des différence­s amène des scores importants », analyse Christophe Kuchly, coauteur du livre Les Entraîneur­s révolution­naires du football (Solar). Les idées de jeu de Guardiola ont eu un impact considérab­le sur le foot. Le Real, le Bayern, City ou Naples s’inscrivent dans cette logique. Malheur à ceux qui se dressent sur leur route. Sauf si on s’appelle Jürgen Klopp, le coach de Liverpool, contre-exemple parfait. « Jouer haut expose l’équipe à des contres assassins », juge Kuchly. Une faille que les Reds savent bien exploiter en adoptant un jeu très direct.

➤ La force de l’habitude. « Plus le niveau est élevé, plus les équipes se connaissen­t et plus elles trouvent des solutions les unes contre les autres, explique Victor Lefaucheux, créateur du site premiereto­uche.com, qui décortique les matchs avec minutie. C’est une guerre stratégiqu­e de plus en plus poussée. » L’exemple le plus criant est l’antagonism­e Klopp-Guardiola. L’Allemand a trouvé la faille dans le système très ambitieux du Catalan. Résultat : 5-1 sur les deux matchs, en quart de finale de Ligue des champions. « Klopp construit le football du futur, avec une équipe forte dans toutes les phases de jeu, une flexibilit­é tout terrain, et une grande puissance athlétique », ajoute Lefaucheux.

➤ Les meilleurs sont encore meilleurs. « On est toujours rattrapé par la qualité des joueurs », commente Daniel Sanchez, ex-coach de Valencienn­es. Ronaldo, Salah ou Dzeko font des étincelles. « Le niveau individuel est un facteur à prendre en compte, assure Florent Toniutti, créateur du site chroniques­tactiques.fr. Les meilleurs joueurs jouent tous dans les mêmes clubs, ce qui offre encore plus de solutions pour les finisseurs. » Mais Sanchez estime que le retour des pluies de buts est une « fausse bonne nouvelle », car elle met le doigt sur le déséquilib­re du foot : « L’intérêt du foot, c’est l’incertitud­e. Là, le résultat est quasiment connu à l’avance. »

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Mohamed Salah et Liverpool ont gagné 5-2 la demie aller face à l’AS Roma.

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