Cédric Herrou monte les marches avec « Libre »
Cannes « Libre », un documentaire tourné dans la vallée de la Roya, est présenté en séance spéciale
Des routes sinueuses de la vallée de la Roya aux marches rectilignes de Cannes. Changement de décor, mais pas de combat. Ce jeudi soir, l’agriculteur Cédric Herrou foulera pour la deuxième fois le tapis rouge la Croisette. Figure de la défense des migrants, il sera accompagné de réfugiés et de personnes poursuivies comme lui pour délit de solidarité. Un passage obligé avant la projection d’un documentaire dont il est le « héros ».
Film politique, pas militant
Libre, tourné dans cette zone du département des Alpes-Maritimes frontalière de l’Italie, a été sélectionné en séance spéciale. Film militant ? « Non, mais politique oui », rétorque d’emblée le réalisateur Michel Toesca, lui aussi engagé.
Le Niçois, installé depuis dix ans à Saorge, a tourné plus de 200 heures entre le printemps 2015 et novembre 2017. « Le but était de filmer la rencontre des habitants et des réfugiés qui arrivent dans la vallée. De montrer la réalité du terrain face à celle de l’administration. Il y a plein de gens qui s’engagent. Des gens ordinaires qui sont amenés à faire des choses extraordinaires. Rapidement et logiquement, le film s’est recentré sur Cédric Herrou, explique Michel Toesca. Il n’a jamais lâché l’affaire. » Jusqu’à se retrouver devant la justice à plusieurs reprises. Le producteur d’olives, condamné en août 2017 à quatre mois de prison avec sursis pour aide aux migrants, a été placé neuf fois en garde en vue.Dans le film, avec ironie, il se présente d’ailleurs comme un « agriculteur délinquant » confronté au « délit de solidarité ».
« Je ne sais pas si le documentaire pourra changer les choses, lâche Michel Toesca. Il faudrait s’attaquer aux accords de Dublin [qui encadrent le droit d’asile]. Mais sans vouloir paraître présomptueux, j’espère que grâce à l’aura du Festival de Cannes, le film permettra d’ouvrir certains yeux et certaines consciences. »