Paroles de globe-trotters
Ils ont choisi de courir d’un avion à l’autre et nous racontent leurs expériences
Se réveiller à Paris, s’endormir à Bogotá (Colombie). Tel est le quotidien des « ingénieurs-voyageurs ». Employés par de grands groupes, ils traversent le globe pour dépanner, conseiller ou améliorer la communication entre leur entreprise et ses clients. Nous avons donné la parole à ces ingénieurs nomades pour qui la mobilité est un mode de vie. Aurélie Marty est ingénieure depuis 2003. En six ans passés à Airbus, elle a été amenée « à partir aux quatre coins du monde », parfois du jour au lendemain car « un avion cloué au sol coûte très cher ». Pour elle, le maître mot est “adaptation”. « Nous sommes confrontés à des manières de travailler différentes, à des cultures qui le sont aussi. J’ai passé un mois à Abou Dabi (Emirats arabes unis) pendant le ramadan. Les employés avaient des horaires spécifiques et je faisais attention à ne pas boire ou manger devant eux pendant la journée. »
Des journées plus intenses
Maxime Lepinette, ingénieur chez Sagemcom, acquiesce : « L’ouverture d’esprit est essentielle. Il faut apprécier le contact. » Bosser sous d’autres latitudes permet aussi de réfléchir à nos manières d’être, nous Français. A sortir des clichés qui classent (souvent) les employés hexagonaux dans la catégorie des fainéants. « J’ai l’impression que nous avons une façon de fonctionner qui est plus efficace, et que nos journées sont plus intenses », poursuit Maxime Lepinette.
« Il faut prendre le temps d’apprendre à connaître les personnes, la culture et les codes propres à chacun, ajoute Thierry Charvet, responsable de la performance industrielle pour l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Nous avons tendance à imaginer des différences qui n’existent pas, car quand nous parlons métier, nous arrivons tous à nous comprendre. » Pour ceux qui espèrent suivre le même itinéraire, sachez que la vie de voyageur n’est pas de tout repos. « C’est plus facile à gérer que ce que l’on imagine, mais il faut éviter de passer (vis-à-vis du décalage horaire), une semaine au Japon et la suivante en Amérique du Sud », nuance Thierry Charvet. « Courir le monde doit être une passion, car les points négatifs sont nombreux. Nous sommes très peu chez nous. Il faut être prêt à mettre sa vie perso de côté », tient à préciser Maxime Lepinette. Rien d’étonnant à ce que les ingénieurs juniors (souvent sans enfants) soient surreprésentés dans ce type de poste.
« Il faut être prêt à mettre sa vie personnelle de côté. » Maxime Lepinette, ingénieur chez Sagemcom