Le go pour la raffinerie BioMed freiné?
Un blocage est prévu dimanche et une ONG portera le dossier devant la justice
Il ne reste que quelques mois. La bioraffinerie de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, doit être mise en service à « l’été 2018 ». C’est du moins ce qu’indique une source interne de Total à 20 Minutes. Le groupe pétrolier français a lancé en 2015 le projet de transformation de sa raffinerie de La Mède, près de l’étang de Berre, alors déficitaire. Il a cessé d’y raffiner du brut et l’a convertie, en y installant un dépôt pétrolier, une ferme solaire, un centre de formation et une bioraffinerie fonctionnant à l’huile de palme. Mais à quelques semaines de la mise en service, après plusieurs actions coup de poing de militants écologistes, qui craignent une hausse des importations d’huile de palme, la contestation semble prendre un autre virage. Ainsi, quinze jours après l’annonce d’un arrêté préfectoral autorisant à Total l’exploitation de cette bioraffinerie, les opposants aux projets s’invitent sur un autre terrain : celui de la justice. Cette stratégie nouvelle est impulsée par les Amis de la Terre. L’ONG prépare un recours contre l’arrêté préfectoral qui autorise l’exploitation de la bioraffinerie. En cours de finalisation, ce recours devrait être déposé dans les prochains jours au tribunal administratif de Marseille.
L’entreprise est sereine
« L’autolimitation à 300 000 t d’huile de palme brute annoncée par Total est absente de l’autorisation officielle », pointe l’ONG. « Ce recours est un outil supplémentaire pour ralentir Total dans ce projet de bioraffinerie qui ne tient pas la route », dit Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes des Amis de la Terre. L’annonce de ce recours se fait quelques jours seulement avant le blocage annoncé de la raffinerie de La Mède par la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles. Les agriculteurs prévoient une action près du site dimanche soir. « Cette action est avant tout en direction du gouvernement, pour éviter que notre agriculture disparaisse, rappelle Isabelle Giordano, directrice de la FDSEA du département. Les raffineries, c’est symbolique. »
La contestation en cours, sur le plan local comme national, quelques mois avant la mise en service, pourraitelle compromettre le projet de Total ? L’entreprise affiche un sentiment de sérénité. « Nous avons reçu l’autorisation d’exploiter le 16 mai. Le projet se poursuit donc comme prévu. Si un recours contre cet arrêté devait être déposé, il ne serait pas suspensif. » Les députés européens ont voté en janvier la suppression progressive de l’huile de palme dans les biocarburants d’ici 2021.
« Les raffineries, c’est symbolique. » Isabelle Gioedano, directrice de la FDSEA des Bouches-du-Rhône