« N’ayons pas peur du féminisme »
Pour le sociologue canadien Michael Kaufman, il est indispensable à la bonne santé de la société
Marre de tenter d’expliquer aux hommes l’intérêt du féminisme et de l’égalité entre les sexes ? Offrez donc Le Guide du féminisme pour les hommes et par les hommes (Massot Editions). Un ouvrage plein d’humour et pas moralisateur pour un sou, coécrit par le sociologue canadien Michael Kaufman.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Nous voulions parler des problèmes liés au sexisme, au patriarcat et au féminisme d’une manière qui retranscrive l’essence même du féminisme. Pas comme un concept obscur, mais comme une idée qui influe sur nos vies à tous, dans ce qu’elles ont de triste, parfois de violent, de riche, d’amour, de plaisir et de sexe. En tant qu’hommes, nous ne devrions pas avoir peur du féminisme. C’est-à-dire ?
Il est primordial que l’on soutienne les droits des femmes et l’égalité femmes-hommes. Il y va de la santé de notre société. Skinheads, suprémacistes blancs, extrémismes religieux, tueries de masse… Le dénominateur commun entre ceux qui ont recours à la violence est clair : ce sont presque exclusivement des hommes. Cela signifie notamment que ce qui les a attirés dans cette déviance répond à une certaine idée de virilité, de ce que c’est que d’être «un homme, un vrai ». Mauvais pour les femmes et autodestructeur pour les hommes, cela constitue aussi la cause même du terrorisme.
N’y a-t-il pas une forme d’antiféminisme institutionnel sur lequel il faudrait agir ?
Si l’on veut l’égalité à la maison et au travail, il faut des politiques volontaristes, et prises en charge par l’Etat, qui accompagnent les mères souhaitant retravailler et les pères désireux de prendre un congé parental.
Une dernière idée tuée dans l’oeuf en France par Emmanuel Macron, pour qui le dispositif coûterait trop cher… Ce type de politique coûte beaucoup d’argent, mais ne pas la mener coûte encore plus cher. On sait que les hommes plus impliqués dans les tâches familiales ont moins recours à la violence : or les violences faites aux femmes et aux enfants ont un énorme coût financier. Le Québec a mis en place une politique de réduction drastique des coûts des modes de garde d’enfants, de l’ordre d’à peine quelques dollars par jour, la différence étant prise en charge par la collectivité. Cela représente un investissement mais, en réalité, le dispositif s’autofinance : davantage de femmes sont retournées vers l’emploi, ont payé des impôts sur leurs revenus et ont eu les moyens de dépenser plus d’argent dans leurs commerces de proximité. C’est un cercle vertueux.