20 Minutes (Nice)

Un petit coin péruvien à Nantes

Contre la France, le Pérou avait le soutien de nombreux Nantais

- A Nantes, David Phelippeau

Tatiana est au bord des larmes. Dans l’après-midi, la propriétai­re du restaurant De Lima, rue des Hauts-Pavés dans le centre de Nantes, confie ne pas les avoir retenues. C’est dans « le seul resto péruvien de la ville », précise-t-elle, que, jeudi vers 16 h, une grosse partie de la communauté péruvienne de Nantes s’est donné rendez-vous pour suivre la rencontre entre la France et le Pérou (1-0). Funky, un petit chien vêtu d’un petit tricot blanc et rouge, était aux premières loges. Ses aboiements ont vite été couverts par la musique du groupe nantais latino Los Faros. Sous le brillant soleil, les couleurs péruvienne­s brillaient. «Ça fait trente-six ans que le Pérou attend ça, vous imaginez ? lance Fidel, né à Lima, mais qui vit en France depuis l’âge de 6 ans. On est tellement heureux de partager ce moment avec la France, de montrer notre culture.»

Contre les Bleus, le Pérou ne devait pas perdre s’il voulait poursuivre son aventure en Coupe du monde, mais sa centaine de supporters « nantais» était bien loin de cette exigence mathématiq­ue. « On est déjà hyper content d’être là, vous ne pouvez pas comprendre, estime Tatiana, qui a transformé son restaurant en petite salle de cinéma. On a tendance à se sous-estimer. Se retrouver face à une grande nation du foot comme la France, c’est incroyable!» Pendant le match, les chants ont résonné dans la rue des Hauts-Pavés. «Como no te voy a querer?» hurlent les Péruviens. Ça signifie? «C’est un chant patriotiqu­e, ça veut dire : “Comment pourrais-je ne pas t’aimer ?” » explique Tatiana. L’étiquette de «meilleurs supporters» de la Coupe du monde que certains collent aux Péruviens n’est sans doute pas usurpée. Raquel, jeune trentenair­e native de Lima, a une explicatio­n à ce titre honorifiqu­e : « Dans notre culture, à la moindre occasion, on fait la fête. Alors là, sur un tel événement – avec le foot qui est en plus une institutio­n chez nous –, c’est décuplé!»

Au loin, certains fredonnent une autre chanson très partisane. Ça donne ça en français : « Allez le Pérou cette nuit, on peut gagner ! » Cet aprèsmidi-là, le petit d’Amérique du Sud s’est finalement incliné 1-0 contre la France. Mais la déception a été vite évacuée et a laissé place aux sourires quelques secondes après le coup de sifflet final. Carlos, un Bolivien venu mettre l’ambiance jusque très tard dans la soirée de jeudi, a coupé le son de la télévision alors que les commentate­urs de TF1 n’avaient même pas commencé leur analyse de la rencontre. Josie, une Franco-Péruvienne de 50 ans, semblait déjà tournée sur l’après-match : « Maintenant, c’est la fête ! »

« Dans notre culture, à la moindre occasion, on fait la fête. » Raquel, née à Lima

 ??  ?? La déception a vite été évacuée par les Péruviens de Nantes, jeudi soir.
La déception a vite été évacuée par les Péruviens de Nantes, jeudi soir.

Newspapers in French

Newspapers from France