L’enlèvement de femmes, tout un art
L’Enlèvement des Sabines, L’Enlèvement d’Europe… L’histoire de l’art est ponctuée de scènes d’enlèvements, ou « ravissements », terme à la polysémie délicieusement désuète et titre de l’ouvrage de Jérôme Delaplanche, directeur du département d’histoire de l’art de l’Académie de France à Rome. Dans son livre, Ravissement : Les représentations d’enlèvements amoureux dans l’art (Citadelles et Mazenod), l’historien d’art analyse ces rapts de femme sous tous les angles. «Pour la plupart des artistes que j’étudie dans ce livre, les oeuvres qui représentent un enlèvement comptent parmi leurs meilleures créations, que ce soit pour Titien, Bernin, Rubens ou tant d’autres», explique Jérôme Delaplanche. Pour autant, ces oeuvres, derrière la beauté du geste, montrent des actes violents, en quelque sorte « cachés » par le défi esthétique et plastique relevé par l’artiste. En cela, elles dérangent les spectateurs du XXIe siècle. Plusieurs polémiques autour d’oeuvres d’art anciennes jugées aujourd’hui sexistes ont ponctué ces derniers mois. Jérôme Delaplanche explique ainsi qu’il faut faire un travail d’explication et de contextualisation à destination du grand public : « De nos jours, beaucoup de musées se posent la question de la manière de présenter au public de telles oeuvres. La dernière des choses à faire serait de les décrocher. Car c’est justement le rôle central du musée que de nous inciter à nous frotter à la complexité du monde. L’inconfort est la vie même. »