Biodiversité
La gestion du grignotage des zones naturelles est le principal enjeu du plan présenté par Nicolas Hulot
Une espèce sur trois est considérée comme menacée en France, métropole et outre-mer confondus, alertait en juin l’Observatoire national de la biodiversité. Ce mercredi, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, doit justement présenter 90 mesures pour préserver cette biodiversité. Un plan sur lequel il est attendu au tournant, même s’il s’est plaint en mars en plein hémicycle que « tout le monde s’en fich[ait] ». «Au gouvernement de ne pas décevoir», confirme Bernard Chevassusau-Louis, président d’Humanité et Biodiversité.
Le dossier est vaste, à l’image des causes de cette perte de biodiversité : la surexploitation des ressources marines dans les océans, l’introduction des espèces invasives en outre-mer, la consommation des pesticides en métropole. Toutefois, pour France Nature Environnement (FNE), l’artificialisation des sols (soit ce qui les recouvre : villes, routes, activités économiques…) reste la première fautive. En grignotant les terres (+0,8% chaque année depuis 2010, selon le ministère de l’Agriculture), elle détruit et ou fragmente les milieux naturels, et donc bouleverse leur faune et leur flore.
Plusieurs outils législatifs visent déjà à maîtriser en France l’artificialisation des sols. « Via notamment les Scot [schémas de cohérence territoriale], les préfectures ont les moyens de retoquer les projets d’aménagements des collectivités qui consommeraient trop d’espaces agricoles ou naturels, indique Jean-David Abel, vice-président de FNE. Mais c’est insuffisamment contraignant et mal appliqué dans de nombreux départements. » Les associations espèrent alors que «le Code de l’urbanisme et la législation française fassent en sorte que les nouvelles zones artificialisées ne puissent pas devenir des déserts biologiques », ajoute Bernard Chevassus-au-Louis. Et cela ne passe pas forcément par des aménagements onéreux : laisser pousser de l’herbe au pied des arbres, maintenir des corridors écologiques entre les réservoirs de biodiversité permettant à la faune de circuler, laisser des anfractuosités dans les façades des bâtiments… FNE souhaite aussi que le plan biodiversité relance la création de nouvelles aires protégées métropolitaines terrestres, avec l’objectif de placer 2 % du territoire sous protection forte d’ici à 2019 (contre 1,60 % aujourd’hui) – une stratégie qui date du Grenelle de l’environnement (2007), mais qui a été plus ou moins abandonnée. Autre piste, plus radicale, envisagée par FNE et non démentie au ministère de la Transition écologique, le principe de « zéro artificialisation nette » : pour tout espace consommé, un autre territoire doit être désartificialisé. Nicolas Hulot est décidément attendu au tournant.
L’artificialisation des sols grignote chaque année 0,8 % des terres.