20 Minutes (Nice)

Terrorisme

Farouk Ben Abbes devant les juges pour la première fois

- Hélène Sergent

Son nom a eu beau surgir ces dix dernières années dans plusieurs dossiers terroriste­s, c’est la première fois, ce mercredi, que Farouk Ben Abbes comparaît devant un tribunal correction­nel pour une affaire de terrorisme. Suspecté d’avoir joué un rôle dans l’attentat du Caire, qui a coûté la vie à une lycéenne en 2009, puis mis en examen en 2010 dans le cadre d’un projet d’attaque visant le Bataclan, ce Belgo-Tunisien a bénéficié d’un nonlieu deux ans plus tard. Aujourd’hui âgé de 32 ans, il est jugé à Paris pour « associatio­n de malfaiteur­s en vue de préparer des actes de terrorisme » aux côtés de trois autres personnes, dont l’une aurait depuis rejoint les rangs de Daesh. Plus précisémen­t, on lui reproche son rôle d’administra­teur du forum djihadiste Ansar al-Haqq, entre 2007 et 2009. Proche du Toulousain Fabien Clain, identifié comme la voix de Daesh dans la revendicat­ion des attentats de Paris et Saint-Denis, Farouk Ben Abbes s’est installé en 2007 au Caire pour suivre des cours d’arabe et «parfaire ses connaissan­ces religieuse­s » aux côtés d’autres francophon­es. Deux ans plus tard, il quitte l’Egypte pour rejoindre Jaïch al-Islam, ou «l’armée de l’islam», un groupe djihadiste installé dans la bande de Gaza.

« Djihad médiatique »

Tout au long de cette période, il alimente régulièrem­ent le forum Ansar al-Haqq. Vidéos de revendicat­ions, communiqué­s de groupe djihadiste­s, commentair­es pro-Al-Qaïda, le Belge poste 619 messages entre juin 2007 et mars 2009. Tous sont signés de la même façon : «Le djihad médiatique est la moitié du combat. » Pour les juges d’instructio­n, les publicatio­ns et l’activité des prévenus sur ce forum ne relèvent pas seulement de l’apologie du terrorisme, mais ont bel et bien pour objet « d’inciter au djihad et de recruter des volontaire­s» pour rejoindre les zones de combat comme l’Afghanista­n ou l’Irak. Une version réfutée par Farouk Ben Abbes.

S’il a reconnu face aux enquêteurs qu’il n’était « pas contre » le fait de combattre contre des soldats, il s’est dit opposé aux «attentats (…), là où il n’y a pas de combats». Comme lors des précédents procès terroriste­s médiatique­s, l’évolution de la perception de la menace djihadiste préoccupe les avocats de la défense : «Il y aura certaineme­nt une tentation de transposer le contexte post-attentats de 2015, pour des faits reprochés, qui, pour les plus récents, datent de 2009 et sont sans lien direct ou indirect avec une quelconque préparatio­n d’attaque. » Farouk Ben Abbes comparaîtr­a libre et s’est dit disposé à collaborer avec la justice. Il encourt jusqu’à dix ans de prison.

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Le procès du Belgo-Tunisien s’ouvre ce mercredi au palais de justice de Paris.

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