Bientôt un musée sous-marin à Cannes
L’artiste Jason deCaires Taylor vient de commencer le moulage de visages de Cannois
Des bustes monumentaux plongés dans le monde du silence. A Cannes, aux îles de Lérins, on se prépare à accueillir le tout premier « écomusée sous-marin » de France, voué à évoluer pendant des décennies au contact de la faune et de la flore. Cette performance signée Jason deCaires Taylor vient tout juste de commencer au fort royal de l’île SainteMarguerite. Jusqu’à ce mercredi, des Cannois volontaires vont défiler dans son atelier pour se faire « voler » leurs traits. « J’utilise de l’alginate, un produit à base d’algues, qui capture les détails. Chaque ride, chaque poil est visible », explique le Britannique, déjà exposé dans des mers du monde entier. La séance dure une trentaine de minutes et la procédure est impressionnante. Tellement que Jean-Pierre, 80 ans, a fini par renoncer avec la peur de « devoir chercher de l’air et de paniquer » sous le poids du moule. Danielle, elle, a accepté sans rechigner de donner son image dans l’espoir de laisser « une trace quand [elle] ne sera plus là ». D’ici quelques mois, cinq sculptures verticales de 2 m et une sixième horizontale de 3,5 m seront immergées à faible profondeur. « Je cherche des traits affirmés, un certain charisme », explique l’artiste, dont des oeuvres ont notamment été consacrées à la crise des migrants. Fervent écologiste, Jason deCaires Taylor défend aussi la portée environnementale de ses expositions qui offrent des récifs artificiels. « Il utilise un béton au PH neutre qui n’impacte
pas le milieu, relève Christophe Roustan Delatour, directeur adjoint des musées de Cannes. Ses sculptures deviennent des points d’ancrage pour les algues et le corail. Et des cavités accueillent les poissons et les crustacés. » Des arguments qui serviront à plaider le dossier à la Direction régionale de l’environnement, compétente pour délivrer une autorisation.
« Une réunion, mi-juillet, pourra déboucher sur une validation directe du projet ou sur le déclenchement d’une étude d’impact », précise Georges Montanella, le directeur mer et littoral à la mairie de Cannes, « confiant » sur l’issue de ces démarches. La ville, qui a prévu un budget de 300000€ pour ces oeuvres, espère pouvoir les mettre à l’eau dans le courant du premier semestre 2019.
« Je capture les détails. Chaque ride, chaque poil est visible. » Jason deCaires Taylor, sculpteur