Après les vestes, place aux immeubles réversibles
Des bâtiments sont capables de se transformer à tout moment de bureaux en logements
Plus de 3 millions de mètres carrés de bureaux vides en Ile-de-France (selon ImmoStat), des centaines de milliers dans les grandes villes dans les régions… Que faire de tous ces immeubles désespérément inoccupés ? « Tout le monde se dit : “Faisons des logements, utilisons-les pour accueillir les défavorisés” », lance Patrick Rubin, directeur de Canal Architecture.
Des conversions difficiles
Mais transformer ces espaces peut virer au casse-tête et coûter cher, si bien que l’idée reste souvent lettre morte. « Ça ne marche pas, car, par exemple, les immeubles de bureaux sont trop larges ou parce que la hauteur sous plafond est de 3,30 m au lieu de 2,50 m », regrette l’architecte. S’y ajoutent d’autres obstacles, comme la difficulté de déplacer les cloisons, la localisation des escaliers ou encore la différence de normes de sécurité entre bureaux et habitations. Certains bataillent donc pour des immeubles conçus dès le départ pour avoir plusieurs vies. Des « bâtiments réversibles » : aujourd’hui bureaux, demain logements, et après-demain pôle d’activités avec écoles et commerces. Ainsi, à Strasbourg, les tours Black Swans, sorties de terre en 2017, accueillent des logements, un hôtel de luxe et une résidence étudiante, chacune de ces surfaces pouvant changer de fonction à l’envi. A Montpellier, le parking Saint-Roch a été conçu pour pouvoir se transformer en bureaux ou en logements si nécessaire.
Ces exemples pourraient faire des émules. Il y a une prise de conscience, selon Patricia Cortijo, spécialiste des territoires durables au sein du cabinet d’études Utopies : « L’idée est d’optimiser l’utilisation des bâtiments et de créer ainsi plus de valeur. Ça rejoint des préoccupations environnementales, avec une réflexion sur la manière dont les constructions vont traverser le temps. »
A Paris, Montpellier, Bordeaux ou encore Strasbourg, les constructions flexibles naissent çà et là, mais restent encore très rares. « Malgré un bon vouloir politique, on avance tout doucement et la législation est en retard », déplore Christophe Flotté, directeur du développement chez Nexity. Architectes et promoteurs pointent du doigt une fiscalité et une réglementation décourageantes. Leur cheval de bataille : obtenir enfin la création d’un permis de construire spécifique, pour faciliter la production de ces bâtiments caméléons.
« Malgré le bon vouloir, la législation est en retard. » Christophe Flotté, directeur chez Nexity