20 Minutes (Nice)

Derrière les murs de Facebook

« 20 Minutes » s’est rendu dans le nouveau centre de données ultra sécurisé du réseau social, en Irlande.

- De notre envoyée spéciale à Clonee, Laure Beaudonnet

L’occasion était trop belle. Invitée à découvrir mi-septembre le dernierné des centres de données de Facebook à Clonee, non loin de Dublin en Irlande, nous avons eu l’idée tordue d’essayer de voler quelques-unes des données stockées dans les milliers de serveurs. L’idée de mettre la sécurité de Facebook à l’épreuve nous a semblé complèteme­nt réaliste jusqu’à notre arrivée sur le site, le 13 septembre. Une dizaine de journalist­es internatio­naux ont été accueillis par Niall McEntegart, directeur des opérations du centre de données de Facebook, qui nous a fait faire le tour du site de 57 000 m2 (l’équivalent d’environ huit terrains de football). Accompagné de plusieurs hommes de la sécurité, le groupe passe plusieurs portes, grimpe des escaliers qui mènent à d’autres issues ultra sécurisées. On fait des détours, on monte sur le toit pour découvrir le système de refroidiss­ement des serveurs qui utilise l’air extérieur. La visite prend des allures labyrinthi­ques et, finalement, on arrive dans la salle des serveurs. Celle-ci est vertigineu­se : des dizaines de milliers de boîtiers électrique­s s’imbriquent les uns aux autres. « Tout ce matériel est conçu pour faire un travail spécifique », explique Niall McEntegart en pointant une allée de boîtiers scintillan­ts. C’est ici que se cachent les données de Facebook, mais aussi d’Instagram et de WhatsApp. Et pas seulement les informatio­ns des Européens. Le site de Clonee se partage avec les autres datacenter­s de Facebook les données des utilisateu­rs du monde entier. « Imaginez qu’une catastroph­e se produise et que ce centre disparaiss­e, vous ne voudriez pas que la photo de votre nourrisson ou de votre labrador soit détruite, raconte Niall McEntegart. Il existe une copie de la même donnée dans ce centre, une autre dans un autre, et une troisième ailleurs. » Les données de plus de 2 milliards de personnes se trouvent quelque part dans cette salle, mais impossible de mettre la main sur les nôtres. Une photo n’est pas envoyée telle quelle aux serveurs, elle est morcelée et dispatchée à plusieurs endroits.

Première déconvenue : on ne va pas pouvoir récupérer les données qu’on veut. Et ce n’est pas la seule mauvaise surprise de ce périple irlandais : notre clé USB, astucieuse­ment dissimulée dans notre chaussette, n’est d’aucune utilité dans ce datacenter. Hilare, le directeur des opérations assure qu’il n’y a aucun moyen de voler quoi que ce soit de cette manière. Il est vrai que nous n’avons pas vu un seul port USB sur le chemin. La sécurité est l’une des priorités de Facebook. Niall McEntegart explique qu’un serveur obsolète est réduit en cendres pour éviter que les datas tombent entre de mauvaises mains. Plus d’une heure et demie de visite plus tard, notre taxi nous attend pour nous ramener à l’aéroport. Nous sommes escortée pour faire les derniers deux ou trois mètres jusqu’à la voiture. Morale de l’histoire : nous n’avons pas l’envergure de Ethan Hunt, de Mission impossible. Fallait-il faire tout ce chemin pour le savoir? A méditer.

«Une copie de la même donnée existe dans ce centre et dans deux autres.» Niall McEntegart, Facebook

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A l’intérieur des serveurs de stockage.
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Le centre irlandais de Clonee s’étend sur 57000 m2.
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Niall McEntegart (à dr.) et Mark Hunter, responsabl­e du datacenter irlandais.

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