20 Minutes (Nice)

Le prince Albert, un roi de la mer

Albert Ier de Monaco fut l’un des pionniers de l’océanograp­hie en Europe

- Augustin Chalot

Officier de marine, prince, océanograp­he, acteur des relations internatio­nales ou encore explorateu­r, le prince Albert Ier a accumulé de nombreuses casquettes dans sa vie. Avec la mer comme horizon.

Celui qui sera surnommé le «Prince des mers » naît Albert Honoré Charles Grimaldi le 13 novembre 1848 à Paris. Sa passion pour les océans apparaît bien avant son accession au trône en 1889. A 20 ans, il embarque dans la marine royale espagnole puis participe à la guerre franco-prussienne en tant que lieutenant de la marine française en 1870. « Il adorait naviguer et développa un vif intérêt pour la science. Il eut très tôt l’idée de créer une marine purement scientifiq­ue», explique André Toulmond, ancien professeur à l’université Pierre-et-MarieCurie (Paris) et directeur de la station biologique de Roscoff (Finistère). Dès 1885, le prince se donne les moyens d’étancher sa soif de découverte­s et d’aventures. Il fait modifier son yacht personnel, l’Hirondelle, et part en expédition, accompagné de scientifiq­ues. « Ce sont véritablem­ent les débuts de l’océanograp­hie en langue française, précise André Toulmond. Albert Ier est un pionnier. » Jusqu’en 1915, 28 campagnes de recherche océanograp­hique sont organisées en mer Méditerran­ée et dans l’océan Atlantique Nord-Est. Sa passion pour l’océanograp­hie le pousse à créer un musée à Monaco et un institut à Paris (rebaptisé depuis « Maison des océans »). « Ici, la terre monégasque a fait surgir un temple fier et inviolable dédié à la divinité nouvelle qui règne sur les intelligen­ces », déclame-t-il lors de l’inaugurati­on du musée, en 1910. L’institut était alors « le seul endroit, pendant l’entre-deux-guerres, où l’on enseignait l’océanograp­hie en France », rappelle André Toulmond.

Les océans, vecteurs de paix

Le musée, quant à lui, avait une autre vocation pour le prince. La première pierre fut posée en 1899. Jusqu’à son inaugurati­on, Albert Ier se prit d’intérêt pour les relations internatio­nales. Pacifiste, il voyait l’océan comme « un moyen d’union entre les pays, explique Jean-Rémy Bézias, enseignant chercheur à l’université de Nice et spécialist­e des relations internatio­nales. Le musée était pour le prince un symbole du rapprochem­ent des peuples par la Méditerran­ée.» En 1912, Albert Ier propose aux pays du pourtour méditerran­éen de créer une Commission internatio­nale pour l’exploratio­n scientifiq­ue de la mer Méditerran­ée. Une façon là encore de lier ses deux passions : l’océanograp­hie et la paix.

«Il eut très tôt l’idée de créer une marine scientifiq­ue. » André Toulmond, universita­ire

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A Monaco, une statue représente le prince Albert à la barre d’un bateau.

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