« Il ne faut pas sous-estimer de potentielles dérives autoritaires »
Jair Bolsonaro a connu une ascension fulgurante, mais aura-t-il les mêmes facilités pour gouverner le Brésil ? 20 Minutes a interrogé Frédéric Louault, professeur à l’Université libre de Bruxelles et spécialiste du Brésil.
Les craintes autour de Bolsonaro en tant que président sont-elles justifiées ?
Bolsonaro a été élu presque sans faire campagne. Après avoir été poignardé, il est resté en retrait pendant un mois. Et il a refusé de participer aux débats. Il est difficile de savoir ce qu’il va faire exactement. Sur l’économie, par exemple, il assume ne rien y connaître. Le plus inquiétant, c’est la dimension violente de son projet de gouvernance. Il méprise la démocratie, fait très peu de cas des droits de l’homme et des droits des minorités et a une vision très brutale de la résolution des conflits politiques.
Sera-t-il libre de mettre en oeuvre ses idées ?
Au Brésil, le président élu doit former une coalition avec les forces présentes au Congrès. Ce dernier penche du côté conservateur, mais il est très fragmenté. Certains groupes vont soutenir Bolsonaro sur un sujet, mais pas sur un autre. Mais si les parlementaires se mettent d’accord, ils peuvent bloquer des projets de réforme.
Des contre-pouvoirs existent, donc…
Oui, mais on ne peut pas sous-estimer de potentielles dérives autoritaires. En cas de crise, il peut prendre des mesures provisoires ou donner les pleins pouvoirs à l’armée.
Propos recueillis par Laure Cometti