Défaillances en série
Lenteur des procédures, absence de volonté politique, appauvrissement des copropriétaires... les causes des effondrements d’immeubles ne manquent pas.
Trois immeubles se sont effondrés à Marseille (Bouches-du-Rhône), lundi matin, faisant au moins sept morts. Mercredi soir, c’est à Charleville-Mézières (Ardennes) qu’un immeuble s’est lui aussi écroulé, sans faire de victime. Des événements qui mettent l’accent sur le fléau des immeubles insalubres. Selon le ministère du Logement, contacté par 20 Minutes, 450 000 habitations sont considérés comme indignes en France, même s’ils ne représentent pas tous un danger imminent pour leurs occupants. « Beaucoup d’entre eux se situent dans le nord de la France, en région Paca et en Seine-Saint-Denis », constate Christophe Robert, délégué général de la Fondation AbbéPierre. Une situation qui résulte, selon lui, «du vieillissement du parc de logements et de la paupérisation d’une partie de la population qui a été atteinte par la crise économique. Certains copropriétaires n’arrivent plus à payer leurs charges. » Ces dernières auraient « augmenté de 40 % en dix ans, avance Emile Hagège, le président de l’Association des responsables de copropriété. Donc, les travaux d’entretien qui devraient être prévus sont différés dans le temps et les bâtiments se dégradent peu à peu. »
Des délais trop longs
Dans les cas les plus graves, lorsque la solidité de la bâtisse n’est pas assurée, le maire, après avertissement du propriétaire et avis d’un expert, peut prendre un arrêté de péril imminent. « Mais la volonté politique ou les moyens humains pour activer les décisions ne sont parfois pas suffisants, enchaîne Christophe Robert. Du coup, entre le signalement du problème et sa résolution, il se passe trop de temps.» Aussi faut-il «absolument accélérer les procédures », a reconnu dans La Provence Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement. Ses services rapportent que «14 sites [quartiers] jugés prioritaires en France pour des problèmes de copropriétés dégradées ont été identifiés ».
« Le plan Initiative copropriétés de trois milliards d’euros sur dix ans a été mis en place pour transformer, rénover et prévenir la fragilisation de certains logements », poursuit l’entourage du ministre. «Mais cela reste insuffisant face à l’ampleur des besoins de rénovation», estime Christophe Robert.
Selon Emile Hagège, il serait aussi nécessaire d’agir sur les problèmes de fond : « Il faut que les propriétés mettent en place des plans prévisionnels de travaux afin de lisser les charges sur plusieurs années. Cela évitera les coups de bambou ponctuels pour les propriétaires. Il faudrait aussi instaurer une vraie politique de mise en concurrence des prestataires quand des travaux sont prévus, ce qui ferait baisser les charges assurément. »