Route du Rhum
Une dernière journée de folie entre Joyon et Gabart
A 62 ans, Francis Joyon a signé le plus bel exploit de sa carrière. Dans une fin de course au scénario hollywoodien, le skipper d’Idec a remonté 100 km de retard pour remporter la route du Rhum, avec sept minutes d’avance sur François Gabart (Macif). On vous refait ce dimanche de folie, vu de l’intérieur.
> Dimanche matin : l’espoir renaît.
Une semaine que Gabart se balade en tête de la route du Rhum. Mais un truc cloche. « On s’est vite rendu compte, à partir de mardi, qu’il avait de sérieux soucis sur son bateau », explique Gwenaël Gahinet, le routeur de Joyon. Mais il y a toujours quasiment 100 km d’écart entre les deux hommes. Et on annonce l’arrivée de Gabart entre 20 h et 22 h. « Jamais on n’aurait imaginé un retour aussi rapide de Francis », précise Jacques Caraës, le directeur de la course.
> Dimanche soir : Gabart à l’arrêt. Le contournement de la Guadeloupe est un sacré boxon, avec très peu de vent. « Au milieu de l’île, Gabart était encalminé [immobilisé], détaille Jacques Caraës. Joyon, lui, a conservé une pression qui descendait des montagnes. » Le tout, grâce à une stratégie originale. «On avait un réseau de gens qu’on connaît en Guadeloupe, des pêcheurs, des régatiers, même un mec à moto qui sillonnait la côte pour nous aider à trouver le vent », indique Gwenaël Gahinet.
> Lundi, 2 h du matin : Joyon passe devant. A 22 km de l’arrivée, Joyon passe devant Gabart. « Il nous fait une trajectoire Francis Joyon, un truc improbable, rigole Gahinet. Mais il fallait encore faire le dernier virement de bord, pour vraiment passer devant. »
> Lundi, 4 h du matin : les deux bateaux côte à côte. Sans vent, les deux skippers se retrouvent bord à bord à 1,8 km de l’arrivée. « C’est très rare de finir corps à corps, poursuit Jacques Caraës. La stratégie de Francis a été de ne jamais rien lâcher. Ça s’est joué sur un virement. » Que Joyon qualifiera «d’anthologie».
> Lundi, 4h21 : Joyon remporte la course. Au milieu de la nuit, Joyon réussit l’un des plus beaux come-back de l’histoire de la voile en franchissant l’arrivée sept minutes avant Gabart. Quelques minutes après l’arrivée, les deux skippers se prennent dans les bras. Le respect est au niveau de la performance sportive. « Je suis content qu’on ait été là pour écrire cette version de la course », lâche même Gabart.