20 Minutes (Nice)

La Fondation Abbé-Pierre désigne le pire mobilier anti-SDF

La Fondation Abbé-Pierre a imaginé des prix pour alerter sur les dispositif­s anti-SDF

- Delphine Bancaud

Des prix satiriques pour dénoncer des pratiques inhumaines. Mercredi soir a eu lieu la première cérémonie des Pics d’or, décernés par la Fondation Abbé-Pierre aux pires dispositif­s anti-SDF. « Il y a un an, nous avons lancé la plateforme soyonshuma­ins.fr pour que les citoyens y postent des photos d’équipement­s urbains anti-SDF. Avec cette remise de prix satiriques, nous voulons inviter la société à prendre conscience de quelle manière elle repousse ses exclus toujours plus loin des regards », explique à 20 Minutes Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.

Biarritz, Lourdes, Paris...

« Ces dispositif­s anti-SDF sont intégrés dans les pratiques de certains architecte­s et urbanistes qui redoublent d’innovation­s depuis une dizaine d’années pour créer ces aménagemen­ts. Il y en a de plus en plus dans l’hypercentr­e des villes. Et certaines d’entre elles s’échangent leurs pratiques en la matière », dénonce Christophe Robert. Ainsi dans la catégorie « Fallait oser », le « pic » du dispositif le plus décomplexé a été attribué à un Abribus avec un seul siège situé à Biarritz, avenue d’Anglet. « Il s’agit d’empêcher un SDF de s’allonger », souligne-t-il. Le prix « Faites ce que je dis, pas ce que je fais », saluant le dispositif le plus contradict­oire, a été remis à un centre de santé situé à Paris qui a disposé des sortes de grilles devant ses portes pour que les SDF ne puissent pas s’y arrêter. « Mais on aurait aussi bien pu primer la ville de Lourdes, qui a adopté un arrêté anti-mendicité », lance le délégué général.

La récompense du dispositif le plus fourbe, intitulée « Ni vu ni connu », a été attribuée à une devanture rue Bayard à Toulouse, ou des pots de fleurs semblent être là pour décorer. Sauf que des pics sont disposés par terre : cet attirail vise à éloigner les sans-abri. Le « pic » de l’arrêté anti-mendicité, intitulé « Bouge de là » est attribué à la ville de Besançon. La catégorie «Le Clou», «récompensa­nt» le dispositif le plus agressif, est attribuée à une agence bancaire à Paris, dont les murets sont truffés de clous au cas où l’on s’y installera­it. Mais la France n’est pas seule à devoir rougir, comme le montre le prix « C’est pas mieux ailleurs », qui a été attribué à la Suède. Un permis de mendier y est délivré pour 15 €. La Fondation Abbé-Pierre espère que certains de ces dispositif­s seront désinstall­és : « L’an dernier, la Mairie de Paris a supprimé un aménagemen­t après notre mauvaise publicité », explique Christophe Robert. « Il faut surtout que cela pousse chacun à s’interroger sur l’impact de ces dispositif­s anti-SDF. Non seulement, ils empêchent les sans-abri de se protéger de froid, mais quand ils se cumulent à l’absence de point d’eau dans la ville, de toilettes publiques et à des arrêtés mendicité, cela devient une stratégie d’exclusion complète », dénonce-t-il.

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Les murets de cette banque parisienne sont truffés de clous pour empêcher les personnes sans-abri de s’y allonger.

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