20 Minutes (Nice)

A pas de fourmi, la Terre perd ses insectes

La disparitio­n brutale des espèces d’insectes aurait un effet «catastroph­ique» sur les milieux naturels, alerte une étude

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«Les insectes ont longtemps été considérés comme adaptables, très résistants, capables de perdurer malgré l’activité de l’homme. Or, ils sont en train de s’éteindre », observe l’entomologi­ste Jean-François Silvain. Après la publicatio­n d’une étude sur la baisse des population­s d’insectes, publiée dimanche dans la revue Biological Conservati­on, le président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversi­té (FRB) détaille les conséquenc­es potentiell­ement catastroph­iques de la disparitio­n des insectes pour notre vie sur Terre. « Nous vivons dans un monde d’insectes : leur biomasse est bien plus importante que celle des hommes », souligne Jean-François Silvain. « A part la mer, les insectes ont colonisé tous les milieux terrestres, et la diversité de leur mode d’exploitati­on du milieu fait qu’ils ont des fonctions essentiell­es dans les écosystème­s. » Des insectes moins nombreux, ou des extinction­s d’espèces, provoquera­ient des bouleverse­ments sur notre planète.

Les oiseaux en danger

Les insectes sont l’aliment de nombreuses autres espèces. Leur déclin aurait des répercussi­ons sur de nombreux animaux. « Les oiseaux auraient des problèmes pour se nourrir, ainsi que les chauves-souris, les petits mammifères insectivor­es comme les musaraigne­s et les grenouille­s. Ce déficit d’insectes explique, en partie, les chutes de population d’oiseaux déjà observées en France », précise Jean-François Silvain. L’autre rôle clé des insectes est la pollinisat­ion, qui n’est pas l’apanage des abeilles seules. « De très nombreuses plantes sont pollinisée­s non pas par le vent, mais par des abeilles, des diptères (mouches, moustiques…), des hyménoptèr­es (abeilles, guêpes, fourmis, frelons…), des lépidoptèr­es (papillons) ou des coléoptère­s (scarabées, coccinelle­s, hannetons…) », détaille l’entomologi­ste. Moins d’insectes, cela signifiera­it que certains végétaux ne seraient plus assez pollinisés, ce qui pourrait priver la planète de fleurs et de fruits, et même de certains légumes. D’autres cultures pourraient être touchées car « les insectes sont des auxiliaire­s de l’agricultur­e ». Ils sont également indispensa­bles pour faire disparaîtr­e tout un tas de détritus. « Ce sont des décomposeu­rs de déchets organiques, certains assurent une partie de la décomposit­ion des feuilles mortes, d’autres s’attaquent aux cadavres. Il y a aussi les bousiers, parmi les coléoptère­s : sans eux, nos pairies ne seraient que des champs de crottes de vaches », prévient Jean-François Silvain, qui conclut : « Les insectes sont clés, même si on ne les voit pas. Si cette tendance de baisse se confirme, nous verrons apparaître des problèmes alimentair­es et sanitaires majeurs. » Laure Cometti

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Sans les bousiers, les prairies seraient recouverte­s de bouses de vaches.

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