Les assemblées de « gilets jaunes » ont commencé à Commercy, dans la Meuse
#Restervisible Les Commerciens sont à l’origine de la première « assemblée des assemblées » de « gilets jaunes »
Dans le sillage du grand débat national lancé pour répondre à la crise des « gilets jaunes »,
20 Minutes donne la parole aux acteurs de ce mouvement inédit, désormais confrontés à cette même problématique : rester visible. A Rouen, Saint-Dizier, Angoulême... et, pour le dernier reportage de notre série, à Commercy, dans la Meuse.
«Bientôt, les “gilets jaunes” de Commercy vont devenir plus célèbres que les madeleines de Commercy», se marre une habituée de la cabane, sorte de chalet de marché de Noël situé sur la place centrale de cette petite commune de la Meuse. Premiers de cordée de la démocratie au sein du mouvement de contestation, les «gilets jaunes» locaux se sont fait remarquer par leur appel à la constitution d’«assemblées populaires» contre le recours aux représentants. Un appel qui a abouti à la tenue de la première «assemblée des assemblées» de «gilets jaunes», le 26 janvier, à Sorcy-Saint-Martin, non loin de là. Comme tout bon « gilet jaune » qui se respecte, les militants commerciens ont commencé par bloquer des rondspoints. « On a rapidement arrêté, explique l’un d’entre eux. La raison était simple : on embêtait les gens comme nous.» Mais aussi le maire, Jérôme Lefèvre, qui, malgré une demande d’expulsion, n’a pas réussi à déloger les «gilets jaunes» de leur cabane. Pour répondre à l’édile, ils ont lancé un référendum d’initiative citoyenne (RIC) communal. Deux questions simples : «Etes-vous pour ou contre la présence de la cabane (…) ? » et « Etes-vous pour ou contre une plus grande participation des habitants aux décisions qui affectent la commune?» «La démocratie, c’est bien de commencer chez soi, explique Banou. La vie démocratique, au niveau local, elle est dans le coma.»
Une vaste opération de porte-à-porte, bulletins et urne artisanale à l’appui, a été organisée. Mais cela « prend beaucoup de temps », concède Jonathan, et certains «n’osent pas y prendre part, même s’il y a souvent un super bon accueil». L’objectif d’une participation d’au moins un dixième des électeurs de Commercy (5800 habitants en 2015) est toutefois en passe d’être atteint. Réfugiés dans un café proche en raison du mauvais temps, les «gilets jaunes» se remémorent autour de pâtés lorrains «l’assemblée des assemblées». La prochaine est prévue les 5 et 6 avril, à SaintNazaire (Loire-Atlantique). « J’aimerais bien y aller, lance René. Mais on fera en fonction du vote et des volontaires.» Car à Commercy, les porte-parole sont élus en assemblée générale et ne sont pas autorisés à s’exprimer au nom du groupe sur des sujets non traités en AG. Méfiance, donc, vis-à-vis des porte-parole autoproclamés, comme Jacline Mouraud, ou encore Maxime Nicolle. Hors de question, aussi, de s’associer à une quelconque liste aux européennes. «Nous ne sommes pas prêts», juge Jonathan. Quant au grand débat national, «on sait très bien que c’est de la com », tranche Zaza. « Nous sommes peut-être invisibles, mais pas inaudibles, lance Banou. On ne va pas laisser tomber là.»
La méfiance est de mise vis-à-vis des représentants autoproclamés des « gilets jaunes ».