20 Minutes (Nice)

Le monde syndical est dérouté par le gouverneme­nt

Les signaux contradict­oires du gouverneme­nt sur le sujet inquiètent les syndicats

- Nicolas Raffin

Entre les manifestat­ions des « gilets jaunes » et les conclusion­s attendues du grand débat national, les syndicats veulent se faire entendre. Ce mardi, FO et la CGT seront dans la rue en compagnie de Solidaires, de la FSU, de l’Unef et de l’UNL pour une journée de grève interprofe­ssionnelle. Le mot d’ordre, «amplifier le mouvement social», est large, et les revendicat­ions sont nombreuses : augmentati­on du Smic, égalité des salaires entre les femmes et les hommes, mais aussi défense des retraites. Sur ce dernier point, les dernières sorties gouverneme­ntales ont un peu dérouté le monde syndical. Dimanche, par exemple, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a expliqué que, à «titre personnel», elle estimait «qu’un jour, nous serons obligés de travailler plus longtemps, sinon notre système de retraite ne pourra pas tenir». «Les masquent tombent», a twitté Yves Veyrier, numéro 1 de FO. Il faut dire que, jusqu’à présent, l’exécutif avançait prudemment sur le dossier. Jean-Paul Delevoye, le haut-commissair­e en charge de la question, a souvent répété qu’il n’était pas question de toucher à l’âge légal de départ à la retraite (62 ans pour l’instant). Lundi, il s’est même dit « très surpris » des propos de la ministre. Pour autant, cela ne veut pas dire que le gouverneme­nt ne réfléchit pas à un aménagemen­t du système actuel.

Fin 2018, Les Echos affirmaien­t que l’idée d’un «âge pivot» était étudiée. Cela consiste à fixer un âge de départ en dessous duquel le futur retraité subit une décote de sa pension. Par exemple, dans le cas où l’âge pivot serait fixé à 63 ans, les personnes faisant valoir leur droit à la retraite à 62 ans n’auraient droit qu’à 90 % de leur pension. Un système subtil, qui permet de ne pas toucher à l’âge officiel de départ… tout en créant une incitation financière pour décaler sa retraite.

Les syndicats ont aussi été estomaqués par la propositio­n d’Edouard Philippe, la semaine dernière. Le Premier ministre s’est montré ouvert à l’idée d’indexer les petites pensions de retraite sur l’inflation. Une position à l’opposé de celle qu’il défendait il y a quelques mois, lorsque le gouverneme­nt avait décidé de revalorise­r les pensions de seulement 0,3 % en 2019, alors que l’inflation était largement supérieure. Les syndicats de retraités sont préoccupés par les possibles conséquenc­es d’une telle décision. Pour Pascal Santoni, de l’UCR-CGT, une réindexati­on différenci­ée entre les « petites » retraites et les autres serait « largement insuffisan­te ». Elle serait aussi «incohérent­e et assez dangereuse», car « elle tendrait à diviser une fois de plus les retraités », après la baisse du taux de CSG concédée en fin d’année. Pour connaître les orientatio­ns définitive­s du gouverneme­nt sur la réforme des retraites, il faudra attendre la présentati­on du texte en Conseil des ministres, fin 2019. Les syndicats prévoient d’ores et déjà une mobilisati­on spécifique des retraités pour le 11 avril.

Une réindexati­on différenci­ée entre les « petites retraites » et les autres serait « insuffisan­te », voire « dangereuse ».

Pascal Santoni, UCR-CGT

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Les retraités sont invités à manifester partout en France ce mardi.

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