Quelle logique économique pour Ineos ?
La première fortune britannique détient désormais le Gym
Quand un milliardaire rachète un club, les supporters se voient déjà les rois du pétrole. Mais le projet de l’investisseur peut parfois détonner face aux rêves des fans. A Nice, Jim Ratcliffe, première fortune britannique avec le groupe Ineos, détient 100% des parts du Gym. Déjà propriétaire d’un team cycliste et du FC Lausanne, quelles ambitions le groupe porte-t-il pour le club ? Côté sportif, c’est affiché : « atteindre le top 4 de la L1». Et côté business?
«Une bonne opération»
Car Ineos, ce n’est pas seulement une équipe cycliste sur le Tour de France. C’est surtout un fabriquant de produits pétrochimiques, avec un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros. «L’objectif est aussi de développer le club dans l’aspect commercial, pas uniquement dans l’aspect sportif, a exposé Bob Ratcliffe. Nous n’arriverons pas à atteindre nos objectifs uniquement en dépensant de l’argent. Concernant le budget de 50 millions d’euros, nous pouvons le faire augmenter notamment avec l’aspect commercial.» Deux ans avant l’OGC Nice, quand le Lausanne Sport a vu ces mêmes investisseurs débarquer, les yeux des supporters ont brillé. «Lorsqu’ils sont arrivés, ils avaient un projet très ambitieux pour le club tant sportivement que du côté des infrastructures et de la réorganisation, explique André Boschetti, journaliste sportif à Lausanne à 24 heures. Ils ont tenu tous les engagements. Mais au niveau sportif, ça ne s’est pas passé comme ils l’espéraient. » Cinquième de Super Ligue (l’équivalent de la L 1) à Noël, Lausanne tombe en challenge league six mois plus tard. La saison d’après, le plus haut budget de deuxième division finit seulement troisième. «Du coup, ils ont fait une cure d’amaigrissement dans le budget et le groupe, pointe le journaliste. Ils ont diminué la masse salariale d’environ 2 millions de francs suisse. » C’est le prix à payer pour que le FC Lausanne remonte au classement.
« L’objectif avec Lausanne, ce n’est pas de gagner la Champions League mais d’être connecté aux instances sportives. L’intérêt avec le leader mondial du cyclisme, c’est le branding, énumère l’économiste, fondateur de l’Observatoire du sport business, Vincent Chaudel. Avec l’OGC Nice, ce n’est pas la même logique. On est sur une autre approche : Ratcliffe a conscience de la puissance de l’économie du football. » A en croire son PDG, Ineos ne fera donc pas chauffer la carte bleue à Nice. « C’est une bonne opération, affirme Claude Chaudel. Le club dispose d’un nouveau stade, d’un nouveau centre d’entraînement, bientôt du tram avec une marge de progression importante en termes d’affluence. Les planètes ont tendance à bien s’aligner. » D’autant qu’Ineos compte bien créer une synergie avec le Lausanne Sports. Pour faire de ses différents clubs une galaxie. De jeunes joueurs formés à Lausanne ou des pépites découvertes en Suisse pourraient venir fournir les troupes de Nice. Mais pas d’empressement : le projet est établi « sur 3 à 5 ans ».