20 Minutes (Nice)

« Une fois, ils m’en ont volé 700 kg »

Chaque année, au moment des vendanges, des vignerons sont victimes de vol de raisin

- De notre envoyé spécial dans la Marne, Thibaut Chevillard

Bombe sur la tête, bottes aux pieds, trois cavaliers de la garde républicai­ne patrouille­nt dans les vignes, derrière le village d’Aÿ (Marne). L’une de leurs missions est de lutter contre le vol de raisin, alors que les vendanges ont débuté.

De nombreuses régions sont touchées par ce fléau. L’an passé, à Génissac (Gironde), 6,5 tonnes de raisin avaient été dérobées chez un producteur. En Bourgogne, des vignerons se sont organisés pour veiller la nuit sur leurs vignes. « C’est classique, surtout les années de petite récolte, témoigne René Goutorbe, dont la famille produit du champagne à Aÿ depuis 1945. Une fois, ils m’en ont volé 700 kg. Ils ont fait ça la nuit, proprement, avec des sécateurs. » Un préjudice qu’il estime à environ 4 500 €.

Avec le temps, les voleurs s’organisent mieux et sont plus rapides. « Avant, ils laissaient les caisses remplies de raisin au bout des chemins durant la nuit, se souvient le major Patrice Wiecek, à la tête de la communauté de brigades d’Avize. Et ils passaient les récupérer plus tard. Maintenant, ils les rapportent dans la foulée, tout se fait en temps réel. » Pour autant, à en croire la gendarmeri­e, les vols de raisin dans la région sont assez rares et auraient tendance à diminuer. Dans le cadre du « plan champagne », lancé en 2012, les militaires multiplien­t les contrôles de véhicules et de vendangeur­s.

Qui sont les auteurs de ces vols ? Il ne serait même pas la peine de chercher très loin. « Il y a toujours des soupçons sur d’autres qui vendangent la parcelle d’à côté », confirme Patrice Wiecek.

A la coopérativ­e Union des propriétai­res récoltants, au Mesnil-sur-Oger, Gilles Marguet assure, de son côté, que ces vols sont plus de l’ordre du « fantasme ». « Il n’y a pas tant de vols que ça, tempère le président de la coopérativ­e et oenologue. Il n’est pas forcément facile de se repérer dans les vignes, de savoir qu’on se trouve sur la parcelle du voisin. » Selon lui, les vignerons doivent « vérifier que les gens ne se trompent pas de parcelles… délibéréme­nt ou non. » De toute façon, explique-t-il, les membres de la coopérativ­e bénéficien­t d’une garantie. Un système un peu complexe qui est censé compenser la perte financière du vigneron victime.

Dans quelques jours, les vendanges seront terminées. Les cavaliers de la garde républicai­ne, eux, rentreront à Paris. Le champagne sera bientôt mis en bouteille. Et l’heure ne sera plus à l’inquiétude, mais à la fête.

« Il y a des soupçons sur d’autres qui vendangent la parcelle d’à côté. » Patrice Wiecek, Major de gendarmeri­e

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Trois cavaliers de la garde républicai­ne surveillen­t les vignes, derrière Aÿ.

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