«Je ne veux pas profiter du système»
Chaque jour est une lutte pour JeanMichel. Depuis août, il est venu grossir le nombre des personnes sans domicile fixe. Un accident de vie qu’il n’aurait jamais imaginé il y a quelques années. « Je suis un battant, raconte-t-il. Mais quand on se retrouve à la rue à 60 ans, on n’a plus envie de vivre.» Selon le rapport de la Fondation Abbé-Pierre, dévoilé ce jeudi, les personnes seules représentent 65% des sans-domicile en France. «J’ai toujours travaillé depuis mes 16 ans», raconte-t-il. Mais, en 2016, alors qu’il est serveur, Jean-Michel perd son emploi, son patron ayant décidé de vendre son resto. « J’ai recherché du boulot, mais on me trouvait trop vieux pour m’embaucher », poursuit-il. Le début d’une descente aux enfers.
« Les SDF, on est hors société »
Une nuit, dans un abri de fortune à Clichy (Hauts-de-Seine), Jean-Michel est agressé par trois SDF. « J’ai eu peur pour ma vie, se souvient-il. Les policiers m’ont dissuadé de porter plainte. Les SDF, ils peuvent crever. On est carrément hors société. »
A la Boutique solidarité de la Fondation Abbé-Pierre, on se bat pour offrir à Jean-Michel l’espoir de jours meilleurs. Une place en centre d’hébergement et de réinsertion sociale pourrait lui être attribuée d’ici au mois d’avril. Une perspective à laquelle Jean-Michel refuse de se rattacher. «J’ai trop peur d’être déçu», explique-t-il. S’il l’obtient, une participation financière mensuelle pour ses frais d’hébergement et d’entretien lui sera demandée. «C’est très bien, même si je dois y laisser la moitié de mon RSA. Je ne veux pas profiter du système, c’est pas mon style. »