Un an après, Marlène Schiappa fait le point sur le Grenelle des violences conjugales
Un an après le Grenelle des violences conjugales, la ministre Marlène Schiappa fait le point
Le Grenelle des violences conjugales a un an. L’occasion de s’entretenir avec Marlène Schiappa, qui a porté l’événement en 2019 alors qu’elle était secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes.
En 2019, 146 femmes ont été tuées par leur conjoint, soit 25 féminicides de plus que l’année précédente. Comment l’expliquez-vous ?
Que ce soit 25 ou 200, toute mort de femme est une mort de trop. Sur les quinze dernières années environ, en tout cas depuis qu’il y a une étude sur les morts violentes dans le couple, l’écart est toujours de plus ou moins 30 [féminicides] au maximum. En 2018, on était sur un chiffre plus bas. Donc, si on regarde par rapport à 2018, oui, il y en a 25 de plus, mais, si on regarde par rapport aux années précédentes, c’est toujours le même chiffre. Dire qu’il y a une grosse augmentation des féminicides par rapport à la moyenne habituelle, c’est faux.
Cette recrudescence des féminicides ne mériterait-elle pas qu’on augmente en 2021 le budget pour lutter contre les violences faites aux femmes ?
Bien sûr. J’ai toujours dit que le budget devait être augmenté. Entre 2017 et 2020, le budget interministériel alloué à l’égalité femmes-hommes et à la lutte contre les violences a augmenté de 250 %.
De combien ce budget va-t-il être augmenté en 2021 ?
Le budget de l’égalité femmeshommes a été en constante augmentation. De 2020 à 2021, l’augmentation va continuer. Avec ma successeuse [Elisabeth Moreno], ils sont en train de discuter. Je crois qu’il y aura environ 10 millions en plus. Ensuite, sur le budget du ministère de l’Intérieur contre les violences, on a 230 millions d’euros. C’est une sanctuarisation du budget 2020-2021.
Cela n’augmente pas, donc…
Il y a eu une première augmentation l’année dernière pour 2020. Si on fait un document transversal sur qui met quoi sur les violences conjugales, le ministère de l’Intérieur est le premier contributeur en moyens humains et financiers.
A quoi correspondent ces 230 millions d’euros ?
Cela correspond, par exemple, à la refonte du site Arrêtons les violences, ou aux personnes détachées à plein temps du ministère pour répondre sur le sujet des violences. Quand un commissariat fait appel à une association pour faire une formation, on compte aussi les intervenants sociaux dans la gendarmerie… Beaucoup de femmes ont dit avoir estimé ne pas être assez bien accueillies. C’est le travail des intervenants sociaux dans les brigades et commissariats. C’est pour cela qu’on les augmente. On en a déjà recruté 45 [sur les 80 annoncés pendant le Grenelle]. Il nous en reste 35 à recruter pour avoir le meilleur maillage territorial possible. Nous sommes en train de le faire.