20 Minutes (Nice)

Le smartphone, «outil nécessaire» pour informer les jeunes

L’infectiolo­gue Benjamin Davido estime le recours au smartphone essentiel face à l’épidémie

- Propos recueillis par Anissa Boumediene

Pourquoi le gouverneme­nt ne parvient-il pas à freiner la propagatio­n du Covid-19 ? Alors que les contaminat­ions sont en forte hausse chez les jeunes, comment capter, dépister et isoler les asymptomat­iques? Eléments de réponse avec Benjamin Davido, infectiolo­gue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine).

Comment expliquer que l’épidémie continue à progresser malgré les mesures restrictiv­es prises dans les zones d’alerte maximale ?

Faute de mieux, le gouverneme­nt prend des mesures coercitive­s, comme la fermeture des bars ou des salles de sport. Il s’agit de diminuer les contaminat­ions par l’intermédia­ire des asymptomat­iques. Mais je ne pense pas qu’il faille fermer tous les lieux publics fréquentés par les jeunes, au risque qu’ils se reportent sur des soirées dans des lieux privés. Jusqu’à présent, on n’a pas fait passer le bon message. Aujourd’hui, il y a trois fois plus de contaminat­ions chez les jeunes que dans les autres tranches d’âge. Probableme­nt parce qu’il n’y a pas eu de mesures de pédagogie.

Comment changer la donne ?

Pour sortir d’une épidémie qui dure, il faut désamorcer l’angoisse et sortir

de la coercition. Car on est dans une sorte de semi-confinemen­t qui ne dit pas son nom, qui est contradict­oire avec le message selon lequel nous devons apprendre à vivre durablemen­t avec le coronaviru­s. Nous devons être capables de rendre visible ce que l’on ne sait pas voir aujourd’hui : les jeunes asymptomat­iques, qui sont aussi contagieux que ceux qui ont des symptômes. Il faut faire de la prévention auprès d’eux, mieux adapter les outils et le message. A mon sens, cela ne peut passer que par les smartphone­s : 99 % des moins de 25 ans en ont un. Se priver de cet outil numérique est une folie.

Quelle serait la méthode de communicat­ion pour faire passer un message de prévention efficace ?

Les gens ont pris la mesure de l’épidémie. La preuve, ils portent le masque. Ce qui nous manque, c’est un starter rassurant. Si on parvient à rendre « ludique » le fait d’être positif asymptomat­ique en créant des applis, en montant des défis sur les réseaux, quelque chose d’incitatif qui valorise le fait qu’une personne potentiell­ement contaminée s’isole et convainque ses cas contact de se faire dépister, on serait dans une dynamique complèteme­nt différente.

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Les moins âgés développen­t plus souvent des formes asymptomat­iques.

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