20 Minutes (Nice)

«Avec mon livre, j’ai compris certains de mes actes»

Dans « Change ton monde », Cédric Herrou raconte son parcours au plus près des migrants

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L’agriculteu­r de la vallée de la Roya, qui a défrayé la chronique pour son combat aux côtés des migrants (et ses démêlés avec la justice), se raconte dans un livre. A l’initiative de la première communauté Emmaüs agricole créée en France, Cédric Herrou publie Change ton monde ce mercredi. Un témoignage qui encourager­a, espère-til, «les gens à se sentir importants».

Comment est née l’idée de ce livre ?

Ça faisait longtemps que l’éditeur [Les liens qui libèrent] me courrait après. Et moi, j’aime bien écrire. L’an dernier, une double hernie discale m’a maintenu alité, alors j’ai eu le temps de le faire. Je me suis mis à raconter chronologi­quement. Ça m’a permis de comprendre peut-être certains de mes actes.

Vous racontez que c’est votre parcours qui a fait que ces gens, les migrants, vous ne « les avez pas laissés sur le bord de la route »…

Ça n’a jamais été un coup de tête. J’avais plein de questionne­ments. Ça me gênait d’être dans l’illégalité. Mais ça me gênait aussi de les laisser là, à leur sort. Puis, je me dis : “Quand même, ce n’est pas normal.” J’ai eu envie d’agir. On a souvent dit que je faisais de la désobéissa­nce civique. C’est tout le contraire. C’est de l’obéissance. C’est l’obéissance à une morale, à des croyances. Moi j’ai fait ça pour des gens.

Pas pour contester quelque chose. Il ne faut pas être juste dans la contestati­on, être des rebelles à deux balles. Même si j’en suis un aussi [Rires].

Votre livre ressemble, pourtant, plus à un témoignage qu’à un véritable plaidoyer...

Ça a été compliqué avec l’éditeur, qui a une ligne éditoriale vachement militante. Ils voulaient un superhéros, une vraie tribune politique. Je leur ai tout de suite dit que ce n’était pas le propos. Mais moi, ce que je fais, c’est de la politique. Ce bouquin, ça en est. Nos politiques qui prétendent tout connaître ne montrent presque jamais leur humanité. C’est pourtant primordial. Avec ce livre, j’espère que les gens se sentiront importants. On a souvent l’impression qu’on n’est rien. On dit : “Mais qu’est-ce que tu veux qu’on y fasse.” Mais, avant de croire en des combats, l’important c’est de croire en soi. Pour essayer à notre niveau de changer les choses.

« Avant de croire en des combats, l’important c’est de croire en soi pour changer les choses. »

Quelle est la situation aujourd’hui à la frontière italienne ?

Il n’y a plus vraiment de recensemen­t des personnes en migration à Vintimille. Avant les inondation­s, nous avions servi 200 repas lors d’une maraude. Après, une autre distributi­on n’a pas identifié que 60 personnes. On est inquiets. On espère qu’ils ont réussi à passer. Mais on craint qu’il y ait eu des morts aussi parmi eux.

Propos recueillis par Fabien Binacchi

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Il a souvent critiqué les autorités pour leur gestion de la crise des migrants.

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