La fermeture des cantines n’est pas vraiment au menu
La restauration scolaire n’est pas suspendue par le gouvernement, contre l’avis de certains épidémiologistes
Les cantines scolaires pourraient-elles fermer provisoirement pour limiter la propagation du Covid-19 ? Plusieurs épidémiologistes le recommandent, alors que la situation épidémique empire un peu plus chaque jour, notamment en Ile-de-France. Les propos du ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, dimanche dans Le Parisien, ont semé le trouble. « On peut imaginer de fermer les cantines, qui sont le maillon faible dans la journée de l’élève, sans pour autant fermer les écoles », a-t-il déclaré. Avant de se déplacer mardi dans une école de Villiersle-Bel (Val-d’Oise) pour annoncer… un déploiement plus important des petits-déjeuners gratuits à l’école. Ce qui peut être interprété comme un message inverse, le gouvernement ayant souligné sa volonté de « faire baisser les inégalités alimentaires ».
Le casse-tête des familles
Car si la cantine est considérée comme un lieu à haut risque concernant la diffusion du Covid-19, elle est aussi celui qui « donne accès à un repas complet à la française avec entrée, plat et dessert, ainsi qu’à des produits alimentaires divers et de qualité à des enfants issus de familles rencontrant des difficultés économiques », souligne Laurence Tibère, sociologue spécialiste de l’alimentation à l’université de Toulouse-2.
Le gouvernement a aussi conscience que la suspension de la cantine aurait un effet néfaste sur l’organisation familiale. « Qui garderait les enfants ? souligne Rodrigo Arenas, coprésident de la Fédération des conseils de parents d’élèves. Ce serait une galère pour tous ceux qui travaillent en présentiel et cela ralentirait dans leur boulot ceux qui télétravaillent.» Outre les parents, les collectivités, chargées de la restauration scolaire, seraient aussi pénalisées : «On ne voit pas comment elles pourraient réorganiser le transport scolaire en zone rurale pour ramener les enfants chez eux et les reconduire à l’école en début d’après-midi», observe Cécile Frattaroli, porte-parole de la PEEP (Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public).
Si le gouvernement freine des quatre fers pour fermer les cantines, c’est également parce que les solutions existantes ne seraient pas optimales. Par exemple, ne prévoir la classe que par demi-journée, afin de permettre aux élèves de déjeuner chez eux. « Cela poserait un souci de continuité pédagogique », estime Cécile Frattaroli. Et Jean-Michel Blanquer n’est pas favorable à un retour à la maison, même partiel, des écoliers et des collégiens.