«Les injonctions occidentales n’ont aucun effet car elles humilient» Propos recueillis par Rachel Garrat-Valcarcel
Près de deux mois après le coup d’Etat, la tension ne retombe pas en Birmanie. Samedi a eu lieu la journée de répression la plus sanglante depuis le 1er février, avec au moins 107 personnes tuées, selon les Nations unies. 20 Minutes a interrogé Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse à l’Institut français des relations internationales.
Pourquoi la junte est-elle imperméable aux protestations internationales ?
Le pouvoir birman ne regarde pas l’extérieur. Y compris vers les Chinois. Je crois que les seuls partenaires qu’ils considèrent véritablement, ce sont les pays de l’Asean [Indonésie, Malaisie, Singapour…], leurs voisins immédiats.
Justement, quelle est leur réaction ?
Ils font un travail admirable, mais ils le font très discrètement. Simplement parce que la junte ne doit pas être acculée. Si un compromis doit être trouvé, il le sera certainement derrière les rideaux. C’est d’ailleurs pourquoi les injonctions occidentales n’ont aucun effet : elles humilient les militaires.
Peut-on aller jusqu’à dire que l’attitude des pays occidentaux est contreproductive ?
J’aurais tendance à le penser. L’effet des protestations et des sanctions est absolument nul, et elles sont probablement contreproductives. Il faut impérativement que les pays occidentaux réfléchissent à une stratégie adaptée à ces cas de figure. Car on ne fait pas un âne qui n’a pas soif.