« Possessor », un bijou de plus dans la famille Cronenberg
Le fils de David Cronenberg, Brandon, sort ce mercredi le film «Possessor», en VOD
Brandon Cronenberg doit en voir assez qu’on lui parle de son père David. Pourtant il reste courtois quand on évoque le sujet. Il faut dire que le réalisateur de 36 printemps sort de l’ombre de son géniteur avec Possessor, grand prix du festival de Gérardmer 2021. «Mon père a adoré le film, explique Brandon Cronenberg à 20 Minutes, mais il est sans doute bienveillant parce que c’est l’une des caractéristiques des Canadiens que nous sommes.» Brandon Cronenberg est trop modeste. Possessor est un petit bijou dérangeant à souhait qui reste dans la tête pendant longtemps. Les aventures sanglantes d’une tueuse à gages un peu particulière fascinent dès les premières scènes. Une étrange machine permet à cette jeune femme de se glisser dans le corps d’une personne innocente pour changer d’apparence avant d’aller trucider sa proie. « Elle doit se suicider pour pouvoir réintégrer son propre corps, déclare Brandon Cronenberg. Cela tourne mal quand elle tombe sur quelqu’un qui est aussi fort qu’elle.»
Andrea Riseborough, vue dans Birdman d’Alejandro Gonzalez Iñarritu, dans Oblivion de Joseph Kosinski et dans la série Black Mirror, est la révélation du film. « Elle avait aimé mon premier long-métrage, Antiviral, et savait donc à quoi s’attendre quand je lui ai proposé ce personnage impitoyable, confie le réalisateur. Elle m’a constamment surpris en allant encore plus loin que ce que j’imaginais.» La comédienne apporte une force glaciale à un rôle fascinant.
Elle est plus inquiétante face à son mari et à son fils que les armes à la main ou que lorsqu’elle reçoit les ordres de sa superviseuse, jouée par Jennifer Jason Leigh.
C’est un véritable cauchemar que Brandon Cronenberg propose de vivre dans ce mélange de polar et de science-fiction à réserver à un public averti : « Je ne me donne aucune limite en termes de sexe et de violence. Je veux offrir au spectateur une expérience originale.» On ne peut pas reprocher au cinéaste de ménager qui que ce soit. Exécutions brutales, métamorphoses douloureuses et scène d’amour surprenante sont au rendez-vous de ce poème macabre qui tourne parfois au cinéma expérimental pour mieux nous malmener. «Rien n’est plus ennuyeux que l’eau tiède, celle des films qui laissent indifférents», martèle Brandon Cronenberg. Possessor n’entre clairement pas dans cette catégorie.
«Je ne me donne aucune limite en termes de sexe et de violence.» Brandon Cronenberg