20 Minutes (Nice)

Bientôt le bout du tunnel?

Ce jeudi, une propositio­n de loi autorisant une aide active à mourir doit être débattue à l’Assemblée

- Oihana Gabriel

« Ce serait une avancée considérab­le », assure Arnaud Canivez qui, en septembre 2019, a dû accompagne­r son père en Suisse, afin qu’il puisse bénéficier d’un suicide assisté. Ce jeudi, l’Assemblée nationale va discuter d’une propositio­n de loi qui permettrai­t une aide active à mourir. Mais le texte n’est pas assuré de passer. C’est le député Olivier Falorni (groupe Libertés et Territoire­s) qui porte la propositio­n de loi instituant un droit à « une fin de vie libre et choisie ». Elle est défendue par des députés insoumis, communiste­s, socialiste­s, LREM, et même une députée LR. «Pour la première fois, on voit se dégager une majorité transparti­sane, c’est assez rare», salue Arnaud Canivez.

Un seul patient décisionna­ire

Depuis 2016, la loi Claeys-Leonetti autorise la sédation profonde et continue, qui peut aller jusqu’à la mort, mais sans euthanasie active. La propositio­n d’Olivier Falorni prévoit que «toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, provoquant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu’elle juge insupporta­ble», peut demander une «assistance médicalisé­e» pour mourir « par une aide active ». Un terme qui englobe deux situations : soit le patient est capable d’ouvrir la perfusion qui l’aide à mourir, soit c’est le médecin qui le fait.

Alors qu’aujourd’hui, un proche ou un médecin peuvent s’opposer aux directives anticipées, le texte d’Olivier Falorni prévoit, au contraire, que la décision soit prise par le patient. S’il est inconscien­t, on se réfère à ses directives anticipées. Et s’il n’y en a pas, sa personne de confiance déciderait. «La demande du malade [d’une aide active à mourir] doit être validée par un collège de trois médecins, qui s’assure que la personne est en fin de vie et consciente de son choix», développe Philippe Louhéac, de l’Associatio­n pour le Droit de Mourir dans la Dignité (Admd). Enfin, le patient peut revenir sur sa décision. «La parole des patients serait entendue et respectée, résume le directeur général de l’Admd. Aujourd’hui, 2000 à 4000 Français font l’objet d’un raccourcis­sement de leur vie à leur insu. A l’opposé, des malades qui veulent être dispensés d’agonie peuvent être endormis, mais dépérissen­t pendant des jours.»

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Cette loi viendrait compléter celle de 2016, qui autorise la sédation continue.

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