20 Minutes (Nice)

Amateurs et pros tentent de composer avec la crise

Amateurs et profession­nels, les clubs sportifs ont connu une année particuliè­re due à la crise sanitaire et aux restrictio­ns

- Élise Martin

« Ce n’est pas une saison, elle n’a jamais commencé », affirme Philippe Agostini, président de l’Olympique Carros Basketball, près de Nice. Habituelle­ment, 280 licenciés y sont inscrits. Cette année, « il y avait à peine 45 enfants, les seuls autorisés à pratiquer, continue le coach. On a fait quatre matchs, contre une quarantain­e normalemen­t ». Selon lui, cette situation aurait pu être évitée si « on faisait davantage attention au sport amateur, qui est essentiel pour former les futurs profession­nels ». Il développe : « En France, on a privé les joueurs de toutes les valeurs du sport et on en a dégoûté beaucoup. Certains venaient me voir en me demandant pourquoi ils ne jouaient pas avec des masques spécifique­s dans le gymnase plutôt que de se faire mal aux articulati­ons sur le béton. Même si on avait la chance de jouer, dans ces conditions, on enlève tout le label qualité du basket, l’intérieur et le parquet. » La crise sanitaire a des conséquenc­es directes sur l’évolution des performanc­es des jeunes.

«Le niveau a plongé»

L’éducateur sportif, qui fait partie du pôle espoir de la région, analyse : « Le niveau a plongé. À un certain stade, sans compétitio­n, on se demande pourquoi on joue, et il y a une perte de motivation. Ça se retrouve mais ça prend du temps avec une année sans jouer. Pour les sélections, le passage d’amateur à profession­nel a été retardé d’un an mais il n’y a pas plus de places, donc on va forcément louper de grands talents La détection va être plus dure .» De plus, Philippe Agostini s’attend à une nouvelle baisse

de licenciés. « Il va falloir redonner envie de la balle orange. Ceux qu’on perd, on n’est pas sûr de les revoir... » Des impacts se ressentent dans les clubs profession­nels même si « les amateurs ont plus souffert », admet Stan Sutor, coach du Nice Hockey Elite, 9e au classement du championna­t de France de hockey sur glace. Il décrit une saison « instable et particuliè­re ». « À partir du mois d’octobre, le championna­t a été revu tous les mois. Alors que les joueurs étaient habitués, parfois depuis vingt ans, à faire des matchs tous les deux à quatre jours, on en faisait à peine un par semaine. Mentalemen­t, tout le monde n’a pas

su s’adapter et être motivé pour performer ». Il ajoute : « À cela, s’ajoute l’absence de public, dans un sport très “spectacle” ». Des aspects que Stan Sutor ne pensait pas devoir gérer en tant que coach. « Au bilan de fin de saison, des sujets sont remontés auxquels on ne réfléchiss­ait pas avant, comme la vie des joueurs étrangers. Avec le confinemen­t, ils se sont retrouvés loin de leurs proches ou avec des familles qui ne pouvaient pas partager leur vie de match. Ce sont des dommages collatérau­x pour nous, parce que ça peut influencer les signatures pour la prochaine saison. »

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Un match de l’Olympique Carros Basketball, avant la crise sanitaire.

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