20 Minutes (Nice)

Les choix de carrière d’Alaphilipp­e vont-ils lui jouer un Tour?

En restant à la Deceuninck-Quick Step, Alaphilipp­e a-t-il fait une croix sur le Tour de France ?

- William Pereira

Et de deux fausses surprises en l’espace d’une semaine pour Julian Alaphilipp­e, qui participer­a à Liège-BastogneLi­ège, dimanche : vainqueur mercredi sur « sa » Flèche Wallonne, alors qu’on l’imaginait en dedans après un début de saison des classiques mi-figue mi-raisin, le champion du monde a aussi prolongé chez Deceuninck-Quick Step (DQS) jusqu’en 2024. « A ma connaissan­ce, il y a certes eu des contacts avec d’autres équipes, mais moins que d’autres fois », nous indique un agent présent dans le peloton. Les partisans de la théorie du départ avaient tout de même leurs raisons d’y croire. D’une, AG2R avait des vues sur « Alaph » pour 2022. De deux, Dave Brailsford (Ineos) cherche à draguer le public français en trouvant une tête d’affiche tricolore pour redorer le blason de son équipe.

Mais faire le choix de rester chez DQS jusqu’à ses 32 ans revient presque à faire une croix sur ses ambitions sur le Tour de France. Car il s’agit là du défaut de la principale qualité de l’équipe belge, celle de laisser libre cours à l’hyperactiv­ité de Julian Alaphilipp­e. Aurait-il pris son pied à compter ses watts à longueur de temps dans le train d’Ineos jusqu’à franchir la ligne paré de jaune sur les Champs-Elysées ? « Julian, l’année où il est longtemps en jaune [en 2019], c’est parce qu’il court complèteme­nt décomplexé à gratter des secondes là où il le peut, développe Steve Chainel, ancien coureur pro. Chez Ineos ou Jumbo, tout aurait été calculé et il n’aurait jamais pu faire ce qu’il a fait cette année-là. » Finalement, la prolongati­on du champion du monde chez DQS est l’histoire d’un choix : continuer sur l’autoroute des victoires d’un jour pour y bâtir sa légende plutôt que de bifurquer vers un avenir incertain pour viser une victoire sur le Tour de France, au risque de changer sa façon de courir. « Ça demanderai­t de perdre encore ses qualités de finisseur et de puncheur, confirme Chainel. Aujourd’hui, on se rend compte que c’est sa grosse qualité au milieu des Van Aert, Pidcock, Van der Poel. Pourquoi se focaliser sur le Tour? Cette place reviendra à un petit jeune qui arrive. »

Il est par ailleurs bon de rappeler que la voie empruntée par le Français n’est ni moins facile, ni moins prestigieu­se que de viser une victoire sur trois semaines. « Il a le temps de se construire un palmarès autour des cinq Monuments, reprend Chainel. Le Lombardie, les Flandres, Roubaix... Pour moi, il peut les gagner sans problème. » Que les plus farouches partisans du rêve jaune d’Alaphilipp­e se rassurent néanmoins. Ils pourront toujours s’accrocher aux moult « on sait jamais » de leur idole à chaque sortie médiatique. Parce que le champion du monde aime trop son public pour le décevoir ouvertemen­t et parce que, quelque part, il a sûrement trop foi dans la glorieuse incertitud­e du vélo pour être sûr qu’il ne remportera jamais la Grande Boucle. Chez Deceuninck-Quick Step ou ailleurs.

« Il peut gagner les cinq Monuments sans problème. » Steve Chainel, ancien cycliste profession­nel

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E.Lalmand/Belga/AFP

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