Face à l’intelligence artificielle, une crainte bien réelle
L’ouvrage «L’humain au risque de l’intelligence artificielle » explique en quoi l’IA nous rend paranos
Et si l’intelligence artificielle (IA) était en train de provoquer une vague psychiatrique ? On a tendance à en vanter les mérites et à lui imaginer un futur prometteur. Mais, derrière le fantasme des humanoïdes de Westworld, il y a des questions plus immédiates qui mériteraient notre attention. C’est le travail que se propose de faire L’humain au risque de l’intelligence artificielle, publié ce jeudi aux Presses du Châtelet, coécrit par Pierre Rabhi et Juliette Duquesne. Avant tout, le terme d’« intelligence artificielle» pour parler d’une machine est galvaudé. «Les intelligences artificielles les plus abouties ont moins de sens commun que des rats », soulignait Yann LeCun, directeur de la recherche en intelligence artificielle chez Facebook, à Station F, en 2018. Derrière l’IA, il y a surtout des algorithmes qui se gavent de données pour se perfectionner. « En Occident, la première surveillance, c’est celle des multinationales, via la publicité ciblée», pointe Juliette Duquesne. L’impression de surveillance permanente crée un climat de parano. La journaliste a notamment enquêté sur une rumeur insistante ces dernières années selon laquelle nos téléphones enregistreraient nos discussions à des fins de publicité ciblée. « Selon plusieurs chercheurs et associations, les mobiles ne peuvent pas être sur écoute pour des raisons purement techniques : la batterie ne tiendrait
« La première surveillance est celle des multinationales, via la publicité ciblée. » Juliette Duquesne, journaliste
pas le coup, analyse-t-elle. Mais cela n’a pas été si simple d’avoir une réponse définitive. »
L’ouvrage révèle d’autres pratiques méconnues et extrêmement problématiques. Selon une étude publiée en 2018, « certaines sociétés peu scrupuleuses réalisent des captures d’écran de l’utilisation de leur application. Ces captures peuvent contenir des informations personnelles, comme des SMS et être transmises aux nombreux acteurs de la publicité. » Alors, qui ne tomberait pas dans une forme de paranoïa dans un tel contexte ? « La question qu’on peut se poser, conclut Juliette Duquesne, c’est : est-ce que ça vaut le coup de créer une société complètement paranoïaque pour des programmes d’IA qui ne marchent pas si bien ? »