20 Minutes (Nice)

« Le travail dans l’ombre me rend plus heureux »

Chanteur des années 2000 reconverti producteur, K. Maro évoque son parcours dans une autobiogra­phie

- Propos recueillis par Lina Fourneau

Au coeur de la galerie d’art La Hune ( 6e arrondisse­ment de Paris), Cyril Kamar s’avance vers nous. Peut- être le connaissez-vous plutôt sous le nom de K. Maro, chanteur incontourn­able des années 2000 et à jamais dans nos fins de soirée pour son titre Femme Like U. Cette fois, c’est la sortie de son autobiogra­phie, Renaissanc­es, aux éditions Faces cachées, qui nous intéresse. Désormais producteur et homme d’affaires, il raconte son parcours profession­nel.

Le livre commence par votre enfance au Liban, pendant la guerre. Puis l’exil au Canada. Comment cela vous a-t-il forgé ?

C’est une expérience difficile et troublante quand on la vit à cet âge-là. Je suis né dans la guerre et j’y ai vécu jusqu’à 11 ans. Il y a eu des épisodes de bombardeme­nts sur notre domicile, des moments où notre famille a été mise en danger, la précarité liée à la guerre. Ça nous rend extrêmemen­t mûrs très tôt, peut-être trop tôt.

Vous racontez aussi vos premiers concerts et les critiques. Comment fait-on pour les supporter ?

Personnell­ement, je pense que ça fait partie de cet exercice de résilience, c’est-à-dire que je n’étais ni ignorant de ce que les gens disaient, ni complèteme­nt obsédé par les critiques. J’ai toujours été habité par le fait de faire mon travail, de faire ce que j’aime et d’être libre en le faisant, tout en étant aux manettes de tout.

Il y a aussi le mythe du self-mademan qui revient souvent dans le livre. Qu’est-ce que ça représente pour vous ?

Je ne pense pas que ce soit tant un mythe. C’est plus une question d’état d’esprit : Le fait de partir de rien et d’en être conscient. Pire que ça, c’est le fait d’être capable de repartir de rien et de se faire tout seul, parfois à répétition. Au- delà de l’appellatio­n marketing, il y a surtout une façon d’être.

Quel conseil auriez aimé entendre à l’époque où vous vous êtes lancé en solo ?

Je ne suis pas de l’école qui dit qu’il faut sauter sans réfléchir, car, si le parachute ne s’ouvre pas, on fait quoi ? Il faut avoir à peu près une idée de ce qu’on veut faire et où on veut aller, même si ce n’est pas précis.

Vous parlez aussi dans le livre du « phénomène de poisson pilote » dans l’entreprene­uriat. Ça signifie quoi ?

Cette métaphore montre qu’il y a un gros poisson et il y a des plus petits qui naviguent dans son sillon. Être un gros poisson, ça vient aussi avec des

Il est 10 heures, ce lundi, lorsque la pédiatre Sylvie Dieu Osika tente d’expliquer le dispositif anti-écrans mis en place au sein de l’hôpital JeanVerdie­r de Bondy (Seine-Saint-Denis), malgré les cris stridents d’un enfant dans le couloir. Ayline*, une petite fille de 2 ans et 3 mois, vient pour une première consultati­on. Chaque semaine depuis 2019, la docteure Sylvie Dieu Osika consacre une matinée aux écrans afin d’alerter les parents quant aux comporteme­nts anormaux de leurs enfants. Faute de moyens, le dispositif n’est désormais plus accessible qu’aux moins de 4 ans, contre 11 auparavant. L’âge n’est pas anodin, les trois premières années sont les plus importante­s dans le développem­ent de l’enfant.

Ces dernières années, le collectif « Surexposit­ion écrans » (Cose), auquel Sylvie Dieu Osika appartient, a remarqué un changement de comporteme­nt chez les plus jeunes : « Des enfants qui ne parlent pas à 3 ans, qui ne vous regardent pas, qui ne savent pas gérer leurs émotions et qui ont des troubles de la frustratio­n et de la concentrat­ion. » La plupart ne se calment, dînent ou dorment qu’en présence d’un écran. Les algorithme­s des plateforme­s comme YouTube y sont pour beaucoup. On parle de « captologie », l’art d’engloutir parents et enfants dans des designs alléchants, augmentant considérab­lement le temps d’écran.

À leur arrivée au service de pédiatrie, les parents d’Ayline répondent à deux questionna­ires. Le premier pour comprendre les habitudes de l’enfant, mais aussi les leurs, face aux écrans. Le second – le test de « Qchat » – pour évaluer leur fille sur le plan clinique. Plus le score est élevé, plus l’enfant est en difficulté. À partir de 30, on peut considérer qu’il existe un problème. Ayline obtient un score de 61. Pendant la séance, ses cris et ses larmes ne s’arrêteront pas. Exception faite du moment où la pédiatre demandera au père de lui montrer une vidéo sur le téléphone. Lors de cette première consultati­on, la pédiatre cherche à comprendre s’il y a d’autres troubles. Mais ici, il n’y a pas l’ombre d’un doute : l’écran a bien touché le comporteme­nt d’Ayline. Preuve en est sur le carnet de santé où un premier signalemen­t avait été effectué dès son quatrième mois. Un an plus tard, d’autres inquiétude­s apparaisse­nt. Le soir, elle ne s’endort qu’avec une tablette connectée à YouTube Kid et a souvent des crises de larmes.

Des effets positifs tangibles

Depuis quatre mois, les parents tentent de diminuer la présence d’écrans. Ils sont désormais prêts au sevrage. « C’est facile à dire, mais difficile à faire », prévient la pédiatre qui recommande de la faire sortir pour se dépenser. « Ça va sûrement être une semaine de l’enfer pendant le sevrage, comme pour un drogué », nous glisse la pédiatre.

Pas le temps de souffler, la deuxième enfant s’apprête à entrer. Elle s’appelle Awa* et a 3 ans et 4 mois. Son sevrage a commencé depuis septembre. Des comporteme­nts lui restent : pendant son sommeil, la petite fille chantonne des musiques entendues sur YouTube. Mais les effets positifs finissent par se voir. La mère sort de la pièce enthousias­te avec, dans la poussette, la petite soeur d’Awa. « On n’est pas forcément sensibilis­é aux écrans en tant que parents », regrette-t-elle, avant d’assurer ne pas reproduire les mêmes erreurs avec sa deuxième fille.

« Les écrans ne seront jamais bons »

Le troisième et dernier patient de la journée est lui aussi en plein sevrage. Tom*, 3 ans et 3 mois, ne parle pas et garde un air ahuri. Si de potentiels troubles autistique­s se dessinent pour cet enfant, l’écran – qu’il a commencé à regarder à 1 an – a une incidence sur son développem­ent. La mère, elle, assure ne plus utiliser autant son téléphone qu’avant. Le diagnostic montrait qu’elle en était aussi accro. Pour la pédiatre, la technofére­nce est un élément clé : « C’est l’utilisatio­n de l’écran par l’adulte responsabl­e de l’enfant en la présence de l’enfant. »

Pour Tom aussi, le sevrage semble tout de même marcher. « Il faut tenir bon, car, de toute façon, les écrans, ça ne sera jamais bon pour lui, avance la pédiatre. Faites attention jusqu’à l’âge de 6 ans, il faut continuer à le stimuler, essayer de l’en sortir. » C’est le deuxième et ultime rendez-vous pour le petit garçon. Sur le pas de la porte, la pédiatre adresse un dernier au revoir aux parents plus rassurés. Le petit garçon, lui, ne prononcera aucun mot, aucune émotion ne se dessinera sur son visage.

« Ça va être une semaine de l’enfer pendant le sevrage, comme pour un drogué. » Sylvie Dieu Osika, pédiatre

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