Des sensations, mais à quel prix ?
Les loueurs de bolides de luxe vous garantissent des pointes à 180 km/h dans Paris
Une Ferrari jaune et une Lamborghini noire vous attendent le long du trottoir de la rue de Bassano, à l’angle du magasin Louis Vuitton, avenue des Champs-Elysées. « Une Huracan, précise Adel*, au sujet de la Lamborghini. Nous sommes les seuls à l’avoir sur Paris. » Smartphone greffé à l’oreille et doudoune aux couleurs de sa start-up spécialisée dans la location de voitures de prestige pour des courtes durées, l’homme ne lâche pas du regard ses deux bolides. Les passants peuvent sans problème poser devant pour la photo, mais, s’ils veulent se mettre au volant, il leur faudra y mettre le prix : 90 € pour 20, 25 minutes pour conduire la Ferrari en plein Paris et 200 € pour la Lamborghini. La start-up d’Adel n’est pas la seule sur cette niche. Place de la Concorde, Karim* lui aussi attend les clients, dans une Ferrari rouge. « Je suis chauffeur professionnel, si vous voulez des sensations fortes, je peux conduire. Mais si vous êtes un fana de voiture et que vous voulez conduire, il n’y a pas de problème. » Si « dans Paris, c’est 50 km/h, on ne fait pas le con », souligne Karim, le circuit qu’il propose, comme celui d’Adel d’ailleurs, passe par le souterrain de la partie ouest de la voie Georges-Pompidou. « Il n’y a pas de radar dans le tunnel du pont de l’Alma, lance, satisfait, Adel. On pourra monter à 180 km/h. Enfin, plutôt le matin. » « Des circuits pour ça » Ce type de propos qui inquiète JeanBernard Bros. Le président des Radicaux de gauche, centre et indépendants, a déposé en novembre, au Conseil de Paris, un voeu demandant à ce que « la préfecture de police augmente le nombre de contrôles auprès des conducteurs de ces voitures de location de courte durée ». « Je n’ai rien contre les amateurs de conduite sportive, mais il y a des lieux pour ça, des circuits fermés notamment, précise-t-il. Ces loueurs mettent au volant de voitures surpuissantes des conducteurs pouvant être inexpérimentés dans des zones de forte densité urbaine. » Il est vrai qu’Adel comme Karim ne s’embarrassent pas de détails. Ils demandent simplement un permis de conduire, une pièce d’identité, une carte vitale pouvant faire l’affaire. Karim avance même qu’il s’occupe de tout en cas de contrôle. « La plupart du temps, la police ne parle même pas avec mes clients, parce qu’ils sont étrangers. Dans 90 % des cas, cela se passe bien. » La préfecture de police serait consciente du problème, notamment depuis que le Conseil de Paris a voté le voeu du groupe des Radicaux de gauche. Contactée, elle n’a pas répondu à nos questions. * Les prénoms ont été changés