L’accueil pour les femmes et les enfants d’abord
Un centre pour les migrants et les réfugiés ouvre ses portes ce jeudi
«Nous sommes prêts », affirment comme un seul homme Moss, Moubarak et Mohamed. Si les salariés d’Emmaüs Solidarité sont dans les starting-blocks, c’est parce que le deuxième centre humanitaire parisien pour réfugiés et migrants, que gère leur association, ouvre ses portes ce jeudi, à Ivry-surSeine (Val-de-Marne). Situé avenue Jean-Jaurès, en lieu et place de l’ancienne usine des eaux d’Eau de Paris, le site hébergera dans un premier temps 91 personnes – 400 d’ici mi-mars – principalement des femmes seules ou avec enfants, mais aussi des couples. Ils y seront hébergés entre trois et cinq mois avant d’être transférés vers des centres d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) en attendant la fin de leurs démarches. Un pôle santé sur place « Après le centre de la porte de la Chapelle [dit « la bulle »], qui sert de sas d’accueil et d’hébergement pour les hommes isolés, il fallait créer une structure spécifique pour les publics plus vulnérables », rappelle Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs Solidarité. Cinquante places sont d’ailleurs réservées à des familles roms qui vivent dans la rue à Ivry-sur-Seine. « Ce sera mixte et c’est très bien. Nous allons créer une vraie cohésion », commente Smaïn, un salarié d’Emmaüs. Comme lui, ils seront 80 à assurer le fonctionnement du centre. Cofinancé par l’Etat et la Mairie de Paris à hauteur de 11 millions d’euros, il s’articule en six quartiers composés de blocs sanitaires, de bâtiments en bois avec des chambres modulables et d’une yourte chacun. Un pôle santé – géré par l’association Médecins du monde, Pédiatres du monde et Gynécologie sans frontières – sera également sur place. « Ce centre, nous en avons besoin (…), particulièrement aujourd’hui avec cette vague de grand froid qui appelle à une mobilisation extrêmement forte des services de l’Etat sur la question de la mise à l’abri », a souligné la ministre du Logement Emmanuelle Cosse. Mais la capacité des deux centres est-elle suffisante ? Avec 400 places, la « bulle » de la Chapelle affiche régulièrement complet et il arrive que des dizaines de migrants campent devant, chaque nuit. Et soient victimes de « violences policières », comme dénonçait récemment Médecins du monde. Emmaüs Solidarité « travaille à des améliorations » et « ajustements », assure de son côté Bruno Morel. Deux cents places supplémentaires sont prévues à la Chapelle, et le rythme des prises en charge administratives doit s’accélérer. « Nous sommes prêts », répète quant à lui Mohamed, au centre d’Ivry.