20 Minutes (Paris)

Quatre mois après, bilan mitigé pour la salle de shoot

Pour les riverains, la situation a empiré depuis l’ouverture de l’espace de consommati­on

- Lucie Bras

Voilà quatre mois jour pour jour que la salle de consommati­on à moindre risque (SCMR) a ouvert dans le 10e, à côté de l’hôpital Lariboisiè­re. Les voisins en tirent un bilan très mitigé, victimes de certains dysfonctio­nnements. Jacob et d’autres commerçant­s du quartier se retrouvent souvent autour d’un café pour discuter : « On est tous d’accord, la salle n’a rien changé. Ils viennent toujours devant les commerces, ils crient et font du bruit. Ça fait peur aux gens. »

Fréquentat­ion en hausse « Ils », ce sont les toxicomane­s, en majorité des hommes, qui viennent prendre leur dose de drogue dans l’établissem­ent et la consommer légalement. « Il y a de plus en plus de nouveaux arrivants », remarque Job, qui travaille dans une boutique de retouches. Une augmentati­on de la population qui pose des problèmes plus sérieux d’après Céline, propriétai­re d’un restaurant et membre du groupe d’opposition Non à la salle de shoot rue Ambroise-Paré. « Ceux-là sont accros à des drogues dures », assure-t-elle. Au départ, elle et son collègue Fabrice pensaient que la situation allait s’améliorer. Mais, « depuis deux mois, on ne voit plus beaucoup de policiers, alors on a peur. Ce midi, des toxicomane­s sont entrés pour menacer nos clients. La semaine dernière, ils ont passé 24 heures dans une Autolib’ pour consommer de la drogue. On n’en peut plus, on est à bout. » Les riverains ne réclament pas pour autant la fermeture de la salle, mais des aménagemen­ts dans son fonctionne­ment. Des horaires d’ouverture plus larges par exemple, une présence policière renforcée et une tolérance zéro à la prise de drogue dans la rue. Les deux restaurate­urs craignent effectivem­ent une hausse de la fréquentat­ion avec l’arrivée des beaux jours. « A croire que les politiques attendent que quelque chose de grave se passe », soupire Fabrice. Epuisés, Céline et lui veulent partir et ont mis leur restaurant en vente. Rémi Féraud, maire de l’arrondisse­ment, se veut rassurant. « Il y a beaucoup moins d’injections dans l’espace public et moins de seringues dans la rue. La situation s’améliore en matière de santé publique et de lien social. Mais la salle n’est pas là pour régler tous les problèmes du quartier. » L’élu reconnaît que la question l’extension des horaires va se poser à terme. Anne Souyris, coprésiden­te du groupe écologiste au Conseil de Paris, a toujours soutenu l’initiative. « Les habitants sont intégrés au projet depuis le début, ils peuvent s’exprimer dans des comités de voisinage, que l’on peut convoquer en cas d’alerte. » La prochaine réunion permettra de faire le point.

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La salle de shoot prend discrèteme­nt place derrière ces grilles gris foncé.

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