Les violences urbaines peuventelles s’étendre ?
Les violences se sont étendues à des banlieues en région
«Théo (2017), Adama (2016), Zyed et Bouna (2005). On pardonne pas! » Diffusé par texto, sur Facebook et même sur des banderoles, ce genre de messages fait craindre aux autorités un embrasement des banlieues, douze jours après l’arrestation brutale et le viol présumé de Théo à Aulnay-sous-Bois (SeineSaint-Denis). Circonscrites jusqu’ici à la région parisienne, les violences urbaines se sont invitées, dans la nuit de lundi à mardi, à Dijon (Côte-d’Or) et Angers (Maine-et-Loire), forçant l’exécutif à sortir de sa réserve. A Sarcelles pour Bruno Le Roux, le ministre de l’Intérieur. A Aubervilliers pour François Hollande. Avec un même message : « Ceux qui cassent ne servent à rien. Il faut laisser faire la justice. » « La goutte d’eau » « C’est bien que François Hollande se déplace, mais cela aurait été mieux qu’il tienne ses promesses de 2012 envers les jeunes », tacle Mohamed Mechmache. Le fondateur du collectif AC Le feu, créé sur les braises des révoltes de 2005, n’est pas surpris d’entendre les habitants des quartiers lui rappeler les 10 000 voitures détruites pour protester contre la mort dans un transformateur électrique de Zyed et Bouna, alors qu’ils tentaient d’échapper à la police. « Je crains que cela ne s’embrase, analyset-il. L’arrestation de Théo n’est qu’une goutte d’eau qui a fait déborder un vase rempli depuis 40 ans. » Dammarie-les-Lys en 1997, Vénissieux en 1981… Thomas Guénolé a, lui aussi, le sentiment d’écouter un « disque rayé ». Le sociologue rappelle que chaque épisode est né d’un incident avec la police. « Ensuite, l’événement envahit les médias et occulte tout, précise-t-il. Mais ce sont de mesures précises dont les gens ont besoin. » Pourtant, « nous sommes prêts à évoluer, s’étrangle Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de police Synergie Officiers. Mais il faut comprendre qu’aujourd’hui les policiers sont les derniers à descendre dans ces quartiers abandonnés par tous les pouvoirs publics. » Et qu’ils sont fatigués et usés par une année 2016 marquée par la menace terroriste, l’Euro, la mobilisation contre la loi Travail. « Ils redoutent que ça pète encore, confirme Yves Lefebvre, secrétaire général de SGP Police. Pour beaucoup de jeunes, l’affaire Théo n’est qu’un prétexte pour aller “casser du flic”. » Le seul moyen pour éviter cela? « Que la justice ne laisse pas les accusations contre les policiers pourrir », pense Thomas Guénolé. « Encore faut-il qu’il y ait des sanctions, nuance Mohamed Mechmache. Tout le monde a vu la vidéo de l’intervention et personne n’a compris comment ce genre d’acte pouvait être “accidentel”. »