20 Minutes (Paris)

Le policier et l’enjoliveur

Le commissair­e d’Aulnay a été condamné en 2008

- Romain Lescurieux

Un homme au « caractère spécial », avec qui « ce n’était pas évident de travailler ». « Il n’avait pas une démarche sociale dans sa fonction », résume auprès de 20 Minutes un ex-agent de police de Seine-Saint-Denis. Sous couvert d’anonymat, il revient sur l’arrivée, en 2014, de Vincent Lafon au commissari­at d’Aulnay-sous-Bois, d’où sont issus les policiers mis en examen après l’interpella­tion de Théo. « Il avait été parachuté ici. C’était une sorte de punition et, surtout, un moyen de l’éloigner de son ancien service pour éviter que des affaires de violence, le même genre de conneries, ne se reproduise­nt », ajoute cette source. Des « conneries » qui remontent à plus de dix ans. Le journal L’Humanité a en effet révélé que Vincent Lafon, actuel commissair­e divisionna­ire d’Aulnay, a été visé par une procédure judiciaire – présentant des similarité­s avec l’affaire du jeune Aulnaysien – alors qu’il était chef adjoint de la brigade anticrimin­alité (BAC) de nuit à Paris. En février 2004, après avoir refusé un contrôle, un automobili­ste avait tenté de percuter un véhicule de police et de renverser deux agents. Il les avait plus tard accusés, notamment, de lui avoir placé « un cerceau d’enjoliveur entre les fesses ». En mars 2008, Vincent Lafon était condamné à un an de prison avec sursis et un an d’interdicti­on profession­nelle, pour abstention volontaire d’empêcher un crime ou un délit. Plusieurs fois titré au niveau national en karaté et kickboxing, il quittait son service et se tournait vers une agence de sécurité.

« Contrôle par la douleur » Au sein de Gyrfalcon, l’ex-policier est directeur technique du stage DAPP, pour « défense assistée par points de pression ». Un « outil performant » qui consiste à « créer une dysfonctio­n motrice, un contrôle par la douleur » des individus récalcitra­nts. L’ex-dirigeant de Gyrfalcon n’a pas donné suite à nos sollicitat­ions. Vincent Lafon réintègre la police et est affecté à Aulnay-sous-Bois en 2014. Une arrivée couverte par Arnaud pour le site Aulnaycap. Il se souvient d’un « homme de terrain qui n’hésite pas à utiliser des techniques d’infiltrati­on et des méthodes très viriles, tout en restant dans les règles. Il est très apprécié de ses hommes. Peutêtre moins de ses supérieurs », assuret-il. Contactés, ni la municipali­té, ni la préfecture, ni le commissari­at d’Aulnay n’ont souhaité réagir. * Lire aussi en p.4

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Le commissari­at d’Aulnay.

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