L’écoquartier, un mauvais coût pour les habitants
Les habitants doivent céder leurs logements à un prix en dessous du marché
Portes murées, fenêtres condamnées, portail enchaîné. Depuis quelques mois, la rue de La Réunion, et ses alentours, au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), se vide de ses habitants. La raison : une opération immobilière d’écoquartier, tout près de la station de métro Kremlin-Bicêtre Hôpital, dans le prolongement de la ligne 14, qui doit voir le jour en 2027. « Nous sommes pris à la gorge », s’alarme Daniel, devant chez lui. En 2015, un nouveau plan local d’urbanisme (PLU) a été approuvé par le conseil municipal pour dessiner le « Kremlin-Bicêtre Horizon 2030 ». L’établissement public foncier d’Ile-deFrance (EPF) a alors été mandaté pour acquérir les terrains se situant près de l’hôpital. A un prix qui ne convient pas à certains des soixante propriétaires du secteur, contraints de vendre leurs biens immobiliers à ce seul et même opérateur. « Ils font ce qu’ils veulent et ils proposent de les racheter entre 30 et 20 % moins cher que le prix du marché », s’indigne Daniel. Le septuagéniare possède depuis plus de vingt ans un pavillon estimé « aux alentours de 450000 € pour 90 m2 ». Mais la lettre d’acquisition de l’EPF, que 20 Minutes a pu consulter, mentionne 390 000 €. « Je veux bien vendre, mais au prix juste », reprend Léon, 76 ans, un voisin. A ses côtés, Sylvie, elle, appréhende de recevoir la fameuse lettre de l’EPF. « Je suis concernée, mais je n’ai encore rien reçu. J’aimerais pourtant savoir à quelle sauce nous allons être mangés », indique-t-elle. Ces riverains comptent saisir prochainement un juge de l’expropriation. La mairie se défend Contacté, Jean-Marc Nicolle, le maire (MRC) du Kremlin-Bicêtre, tient à recadrer la situation. « Il y a dans ce secteur des biens entretenus mais, globalement, c’est un quartier assez dégradé. D’où ce projet de réaménagement. » L’élu tient toutefois à préciser que « nous n’y allons pas au bulldozer ! Nous ne sommes pas dans la précipitation. » Jean-Marc Nicolle ajoute ne pas souhaiter aller jusqu’à une procédure d’expropriation. « Nous ne mettons pas les gens dehors, il y a des discussions et notamment des propositions de logements à prix maîtrisés », conclut-il. Mais Daniel, lui, regrette le manque de dialogue avec la mairie et, surtout, le manque de perspectives. « Je me suis endetté pour mon pavillon, ce n’est pas pour finir mes jours en regardant l’autoroute depuis leur écoquartier », proteste celui qui, à l’image de ses voisins, n’entend donc rien lâcher.