L’aéroport prend son envol
A la Gaîté lyrique, les artistes rêvent d’une ville-monde au milieu des avions
Etes-vous déjà allés à l’aéroport ni pour prendre l’avion ni pour déposer un ami? Nous oui, pour rencontrer Franck Bauchard, commissaire de l’exposition « Aéroports/VilleMonde », jusqu’au 21 mai, à la Gaîté lyrique, à Paris. A l’en croire, « condamnés à évoluer ou mourir », les aéroports sont devenus des centres de vie. Poste, police, commerces, hôtels, transports en commun… Tous les éléments d’une ville semblent présents dans les aéroports du XXIe siècle. Mais pourrait-on concrètement y vivre? « Alain de Botton a fait l’expérience de passer une semaine dans un aéroport et en a tiré un livre, raconte Franck Bauchard. L’environnement est d’une telle artificialité que ce qu’il raconte ne fait pas très envie. » Au bout d’une heure passée dans un aéroport sans le stress de pouvoir rater son avion, on s’y sent étrangement à l’aise. « L’organisation ressemble à celle d’une ville, remarque Franck Bauchard. Ils ont tous été faits de bric et de broc, se sont agrandis et s’abîment très vite. Leurs architectures futuristes deviennent très vite dépassées. Comme le terminal circulaire de Roissy. L’obsolète côtoie l’avenir. » Comme n’importe quelle ville en somme. Passer un moment à l’aéroport est toujours un moment étrange. « Ce sont des lieux-virtualités, notamment dans le rapport au temps, note-t-il. Dans les restaurants, il y a des gens qui prennent un petit déjeuner à côté d’autres personnes qui dînent. » Vivre dans un aéroport serait possible, mais très inconfortable, voire déshumanisant. « Ces lieux ne vivent que pour leur fonction, précise Franck Bauchard. Surtout, il leur manque l’exotisme. Dans l’ensemble, ils sont tous pareils. Il y a la même acoustique et le même climat dans tous les aéroports du monde. » Pas sûr qu’on s’y plaise…