20 Minutes (Paris)

Un professeur du lycée Suger témoigne

Ce professeur raconte l'« après » au lycée Suger

- Propos recueillis par Caroline Politi

Poubelles incendiées, lancés croisés de fumigènes et de pierres… Deux jours après les heurts, la pression reste à son comble au lycée Suger, à Saint-Denis (SeineSait-Denis). L’établissem­ent a rouvert, mais élèves et professeur­s restent très marqués par cette matinée de violences, comme en témoigne Romain Testard, professeur de sciences économique­s et sociales.

Comment vous sentez-vous ?

Nous sommes livrés à nous-mêmes. Notre direction, dépassée par les événements, prend des décisions contradict­oires. Mardi, par exemple, elle a coupé l’alarme incendie pour pas « affoler » les élèves. Mais il y avait trois départs de feu dans les couloirs ! Ces incidents ont-ils permis d’amorcer un dialogue ? Pas du tout. L’inspecteur d’académie nous a indiqué qu’il ne soutiendra­it pas les huit élèves présentés au juge [jeudi soir, six ont été mis en examen et deux placés sous le statut de témoin assisté]. Nous, nous pensons que la justice doit prendre en compte le contexte, la situation de ces gamins. Depuis le début, la direction mise sur le « tout sécuritair­e ». En septembre, un surveillan­t du lycée a été agressé par un élève extérieur. Et tout ce qu’on nous a proposé, c’est de mettre des caméras dans les couloirs. Il faut offrir des référents à ces jeunes, et surtout ouvrir le dialogue, et non le fermer. Les cours ont repris mercredi. Comment vont vos élèves ? Les salles de classe sont encore très clairsemée­s. Nous passons l’essentiel de notre temps en réunion ou à discuter avec nos élèves. Ils sont choqués et ont peur, et nous ne sommes pas en mesure d’assurer pleinement leur sécurité. Ces heurts correspond­ent-ils à une manifestat­ion pour soutenir Théo qui aurait dégénéré ? Il semble que ce soit le point de départ. Lundi, déjà, des élèves ont tenté de bloquer le lycée. Ils ont lancé des parpaings et des cocktails Molotov dans l’établissem­ent. Mais cette colère est une réaction aux discrimina­tions quotidienn­es que subissent ces jeunes des quartiers populaires. D’autres établissem­ents de la ville ont aussi été la cible de violences.

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L'établissem­ent a rouvert mercredi.

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