20 Minutes (Paris)

Quand les arts se réveillent sous l’hypnose

Geoffrey Secco propose un « Concert sous hypnose » à partir du 28 mars à l’Apollo

- Claire Barrois

«Vos paupières sont lourdes, vous vous abandonnez complèteme­nt… » Oubliez les clichés, l’hypnose ne fera pas de vous une marionnett­e à la merci de quiconque maîtrise cette technique. Comme dans le Concert sous hypnose de Geoffrey Secco, à partir du 28 mars au théâtre de l’Apollo à Paris, elle peut vous mettre dans un état d’éveil censé permettre de voir les oeuvres d’art d’un autre oeil. « Contrairem­ent à ce qu’on imagine, l’hypnose n’endort pas le spectateur, mais elle lui donne une part plus active », avance Pascal Rousseau, historien de l’art et commissair­e de l’exposition « Cosa Mentale », au Centre Pompidou Metz en 2014. Mais, concrèteme­nt, qu’est-ce qui se passe? Antoine Bioy, professeur d’université, chercheur en hypnose et praticien explique que « l’hypnose est un état d’éveil paradoxal. L’individu est plongé dans deux activités très distinctes : le travail, qui absorbe son attention, et la détente. » Et ce paradoxe accroît notre concentrat­ion et notre capacité de réception de l’art. Vous frémissez quand on vous parle d’hypnose ? Rassurez-vous, en réalité, c’est moins impression­nant qu’on ne l’imagine.

Un état accessible en lisant

« A chaque fois qu’on se croit ailleurs, c’est un indice qui montre qu’on est dans un état hypnotique, poursuit Pascal Rousseau. C’est un état qu’on peut atteindre au cinéma, en lisant, ou plus simplement quand on conduit et que nos pensées s’échappent, qu’on ne fait plus vraiment attention à la route. » On a quand même demandé à Antoine Bioy s’il pouvait nous envoyer brûler des voitures si l’envie lui en prenait. « Mais non, raille-t-il. On ne peut pas faire faire n’importe quoi aux gens sous hypnose. Si une informatio­n contradict­oire avec nos valeurs nous parvient, soit elle déclenche une émotion négative importante, soit elle entraîne carrément une sortie de l’hypnose. » Au début du XXe siècle, le surréalism­e « naît dans l’hypnose », indique Pascal Rousseau. L’intérêt ? « L’état modifié de conscience dans lequel on entre permet de trouver des ressources inhabituel­les dans les autres étages de sa conscience. » Proposer au spectateur d’apprécier une oeuvre sous hypnose, c’est lui permettre de la recréer mentalemen­t. Le plasticien Olafur Eliasson en 2003, le dramaturge Joris Lacoste en 2011, la chorégraph­e Catherine Contour ou Geoffrey Secco et son jazz hypnotique aujourd’hui : les artistes ne manquent pas d’idées pour l’utiliser dans les arts.

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L’hypnose permet au spectateur de recréer l’oeuvre mentalemen­t.

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