20 Minutes (Paris)

Faute d’avoir su se moderniser, Tati pourrait fermer

L’enseigne, qui n’a pas se moderniser, pourrait fermer

- Romain Lescurieux

«J’admire ces voisins qui osent quelque chose de différent. Cette brasserie branchée va amener une clientèle qui découvrira aussi mon magasin », se réjouissai­t, en avril 2015, le directeur de Tati Barbès (18e), Stéphane Pradier, en contemplan­t la Brasserie Barbès. Deux ans plus tard, tout a changé. Stéphane Pradier est parti et les clients ne semblent pas avoir répondu à l’appel, tout comme le nouveau directeur qui ne souhaite pas répondre à nos questions. Et pour cause. La célèbre enseigne en vichy rose et blanc est aujourd’hui en mauvaise posture. Une banque d’affaires vient d’être mandatée pour vendre les 140 boutiques de cette filiale discount du groupe Eram. Environ six repreneurs sont positionné­s. Pour quel avenir ? « Il n’y a rien de concret, nous sommes toujours dans le flou », esquissait, jeudi, l’une des 1 700 salariés de Tati. Eram précise toutefois que « la priorité est de sauvegarde­r des emplois ». Dans le quartier, certains n’osent pas imaginer la fermeture du vaisseau amiral de la marque fondée par Jules Ouaki, en 1948. « Barbès sans Tati, ce n’est plus Barbès. C’est aussi une sorte d’icône, via les clips, les films. C’est connu jusqu’au bled », rigole Hichem, qui travaille dans le quartier depuis des lustres. Mais il le reconnaît, « Tati est devenu mamie » « Il faut redynamise­r tout ça... sans le côté bobo de certains établissem­ents », traduit Henri, un retraité né à Barbès, en regardant vers la fameuse brasserie.

En voie de « boboïsatio­n » ? Une envie de nouveauté qui est, en substance, partagée par d’autres habitants, malgré des tentatives de rajeunisse­ment opérées par la marque, notamment avec le retrait des bacs à l’extérieur. « Je n’y ai pas mis un pied depuis peut-être trente ans. Maintenant, ce n’est plus intéressan­t. Surtout au niveau du prix », lâche Farida, la soixantain­e. « En réalité, le Tati historique n’existe plus depuis longtemps », réagit Jean-Raphaël Bourge, membre du conseil d’administra­tion d’Action Barbès et auteur d’un blog sur l’histoire et la vie de la Goutte-d’Or. Il réfute toutefois une quelconque « boboïsatio­n » massive du coin : « Le quartier est encore très mélangé, grâce à de nombreux logements sociaux. Ce qui freine ce phénomène de gentrifica­tion. Et c’est une bonne chose. »

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Le magasin iconique de Barbès a été créé il y a bientôt soixante-dix ans.

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